La question du Sahara fut un axe nodal du discours du trône, prononcé aujourd'hui par le roi Mohammed VI. Contrairement aux précédentes occasions, la politique de la main tendue du Maroc au voisin de l'Est de normalisation des relations ou de réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994, a été abandonnée. Le souverain, sur un ton ferme, revient sur la dernière résolution, 2099, adoptée, fin avril, à l'unanimité des membres du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, laquelle «a fermement réaffirmé les paramètres incontournables pour parvenir à une solution politique consensuelle et réaliste», a-t-il souligné. Et de poursuivre que le texte des quinze «met particulièrement l'accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l'Algérie, en tant que partie concernée par ce litige, tant au niveau politique que sur le plan juridico-humanitaire touchant à la situation dégradante qui prévaut dans les camps de Tindouf». Il faut rappeler que les résolutions du Conseil de sécurité des années 2012 et 2013 ont clairement invité les autorités algériennes à faciliter le recensement des habitants des camps. Le CNDH est le seul apte à surveiller les droits de l'Homme au Sahara Boosté par le projet américain, avorté, d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental, ce dossier était au cœur d'une bataille diplomatique entre l'Algérie et le Maroc à l'ONU durant le mois d'avril. Finalement, Rabat a, dans une certaine mesure, gagné la partie mais pas encore la guerre. C'est cet avantage que le roi Mohammed VI a tenu à rappeler aux responsables algériens. «La question des droits de l'Homme ne doit être abordée qu'à travers les mécanismes nationaux, notamment le Conseil national des droits de l'Homme, qui jouit d'une crédibilité internationale, et par de fortes initiatives souveraines en interaction positive avec les procédures spéciales des Nations Unies», a-t-il précisé. Les déclarations du roi Mohammed VI sont parfaitement en phase avec un contexte international, plutôt favorable au royaume sur la question du Sahara. Mi-juin, Wendy Sherman, la n°2 de la diplomatie américaine, chargée des questions politiques, en visite à Alger, a surpris ses interlocuteurs en qualifiant, lors d'une conférence de presse, le plan d'autonomie d' «option crédible». Hier, le président Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de félicitations au roi, dans lequel le locataire du palais d'Al Mouradia a salué «les réalisations grandioses accomplies par le Maroc à la faveur des importantes réformes que vous avez initiées dès le début de votre règne reflètent la sagesse de votre politique». Le président algėrien ne devait surement pas s'attendre à une réponse aussi cinglante.