En vue de dénoncer la colère de députés du PJD, à bord d'un avion, contre des séquences osées d'un film, l'écrivain et peintre marocain Moulim Laâroussi, publiait, fin janvier, sur facebook la photo d'un baiser avec sa femme, sans qu'il soit poursuivi par la justice. Une chance que trois adolescents de Nador n'ont pas eue. Accusés d'atteinte à la pudeur, ils risqueraient un mois à deux ans d'emprisonnement (article 483 du code pénal). Pour un flirt, un adolescent et sa petite amie de Nador sont, depuis le jeudi, détenu dans le centre de protection de l'enfance, relevant du ministère de la Jeunesse et des Sports. Les deux écoliers du lycée Tarik Ben Zyad, respectivement âgé de 15 et 14 ans, sont accusés d' «atteinte à la pudeur» après avoir posté sur facebook la photo de leurs baisers. Un journal local aurait participé, peut-être sans le savoir, dans l'arrestation en publiant une copie de la photo. Le jeune qui a pris la photo, 15 ans, est également derrière les barreaux pour le même délit. Le procès des trois adolescents devra s'ouvrir le vendredi 11 octobre au tribunal de première instance de Nador. Une Inquisition des temps modernes, dénoncée sur les réseaux sociaux Lever de bouclier sur les réseaux sociaux, contre l'arrestation des trois adolescents. La solidarité a pris la forme de publication, sur des comptes personnels sur facebook ou Twitter, de photos de baisers de couple. L'affaire est très suivie, également, par la presse internationale, au point de concurrencer le dossier d'Ali Anouzla. Il est prévu que lors du procès de vendredi prochain, la présence à Nador, de représentants d'associations locales, nationales et internationales, pour soutenir les trois ados. Il n'y a pas que les laïcs qui ont déclaré leurs solidarité avec les trois élèves du lycée Tarik Ben Zyad de Nador, le salafiste Abdelouhad Rafiki, alias Abou Hafs, libéré suite à une grâce royale en février 2012, a exprimé, sur sa page facebook, son hostilité à cette arrestation, appelant les promoteurs de la vertu sur les réseaux sociaux à suivre les crimes qui méritent mieux la réprobation. Que risquent les trois ados ? Ils sont poursuivis pour atteinte à la pudeur. Le code pénal marocain a réservé tout un article à cette accusation : «Quiconque, par son état de nudité volontaire ou par l'obscénité de ses gestes ou de ses actes, commet un outrage public à la pudeur est puni de l'emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 120 à 500 dirhams. L'outrage est considéré comme public dès que le fait qui le constitue a été commis en présence d'un ou plusieurs témoins involontaires ou mineurs de dix-huit ans, ou dans un lieu accessible aux regards du public». Toutefois, le texte est sujet à diverses interprétations. D'abord «l'outrage» n'était pas public et ensuite le texte ne mentionne pas les sanctions quand des mineurs sont les «auteurs» de l' «obscénité».