Deux mois de négociations et toujours pas le moindre signe de la formation d'un nouveau gouvernement au Maroc. Et pourtant, l'échéance de la présentation du projet de loi de finance 2014 s'approche. Le n°3 du PJD situe le blocage au niveau du ministère des Finances alors que Nabil Benabdellah, le secrétaire général du PPS, accuse des «parties occultes» d'en être les responsables. Le dernier round de négociation entre Benkirane et Mezouar pour la formation d'un nouveau gouvernement remonte à début septembre. Il en est de même pour la réunion des trois partis de la majorité (PJD, PPS et MP). La phase du «wait & see» a trop duré. Le blocage s'installe, confortablement, alors que l'échéance de la présentation du projet de loi de finance 2014 devant les deux Chambres du parlement, s'approche à grands pas, seuls vingt-jours nous sépare d'elle. Si le statut quo persiste, nous aurons à revivre le remake de 2012, lorsque le projet de loi de finance 2013 n'a finalement été adopté qu'au mois de mai. Sauf qu'à l'époque, le cabinet Benkirane bénéficiait de circonstances atténuantes. Il n'avait eu, en effet, la confiance du parlement que vers la fin de janvier et son capital sympathie auprès des électeurs était encore intact. Maintenant les choses ont, dans une certaine mesure, changé. Sa popularité accuse une baisse, même si le PJD demeure de loin la première force partisane. Le n°3 du PJD, situe le blocage au niveau du ministère des Finances Après des semaines de démentis, le PJD s'est, finalement, résigné à admettre que le blocage pour la formation de Benkirane II se situait au niveau du ministère des Finances. Les islamistes veulent garder l'actuel statut de ce département divisé entre Economie et Budget. En revanche, Salaheddine Mezouar, s'accroche à l'idée de diriger tout le ministère, comme c'était le cas sous le gouvernement Abbas El Fassi (octobre 2007-janvier 2012). «Nous ne pouvons en au aucun cas confisquer le droit du président du RNI de rassembler les Finances en un seul ministère. Mais cela nous ne nous empêche pas au sein du PJD d'affirmer notre droit de garder le Budget chez nous. C'est tout naturel et le contraire aurait été une position bizarre de notre part», indique Souleimane El Amrani, le n°3 au parti de la Lampe, dans des déclarations à l'hebdomadaire Maghreb Al Yaoum. Le PPS accuse des parties occultes d'être à l'origine du blocage Apparemment, le ministère des Finances ne serait que l'arbre qui cache la forêt. C'est la version défendue par Nabil Benabdellah, le secrétaire général du PPS. Dans des déclarations au quotidien El Massae, il accuse des «parties occultes d'entraver la formation du nouveau cabinet et empêcher le chef de gouvernement et le président du RNI de parvenir à une solution consensuelle». Le ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, un fidèle allié des islamistes du PJD, n'a pas précisé la nature de ces objets politiques non-identifiés qui retardent la proclamation du gouvernement Benkirane II. Le 9 septembre, l'audience accordée par le roi Mohammed VI à Abdelilah Benkirane avait été à l'origine d'une vague d'optimisme sur l'approche d'un dénouement. Mais celle-ci s'est vite brisée sur le solide roc des divergences, des calculs politiciens et des ambitions personnelles.