Le MUR, Al Karama et Al Adl wal Ihssane sont les premiers à dénoncer l'intervention de l'armée contre les Frères musulmans. Le PPS de Nabil Benabdellah exprime une position presque similaire a celle des islamistes. En revanche, du côté du PJD de Benkirane, c'est le silence qui prévaut. Le bain de sang qui a suivi l'évacuation des partisans des Frères musulmans n'a pas laissé de marbre une partie de la classe politique marocaine. Bien entendu, les islamistes sont les premiers à monter au créneau pour dénoncer l'usage massif de la force en Egypte. Le Mouvement unité et réforme, la matrice du PJD, a appelé, dès les premières heures de l'assaut des militaires sur les places Rabiaâ El Adaouia et Ennahda au Caire, à la tenue d'un sit-in populaire, ce soir, devant le parlement à Rabat «en solidarité avec le peuple égyptien et contre le coup d'Etat et les massacres des civils». Pour le moment, le PJD ne s'est pas encore prononcé sur l'intervention des hommes du général Essissi contre les fidèles au président déchu Mohamed Morsi. En attendant que les frères de Benkirane se manifestent, le Forum Al Karama, l'émanation des droits de l'Homme du parti de la Lampe, dirigée par Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD, a vigoureusement condamné le massacre de 149 personnes, selon des chiffres fournis par le ministère égyptien de la Santé. Al Adl wal Ihssane condamne mais sans participer au sit-in du MUR Pour sa part l'association Al Adl wal Ihssane a été également prompt à dénoncer l'intervention de l'armée contre les Frères musulmans, opposés à la destitution de Mohamed Morsi, le seul président égyptien démocratiquement élu depuis le putsch des «officiers libres» de 1952 qui avait mis un terme au règne du roi Farouk. Dans un communiqué, publié aujourd'hui, de son instance des droits de l'Homme, la Jamaâ exprime sa réprobation pour ce terrible bain de sang et appelle les Marocains à manifester dans les rues mais sans inviter les siens à battre le pavé aux côtés des partisans du MUR de Mohamed Hamdaoui. Un autre indicateur des relations froides entre les deux facettes de l'islamisme au Maroc. Même son de cloche chez les camarades de Benabdellah Les anciens communistes marocains se sont joints aux islamistes pour dénoncer le massacre d'aujourd'hui au Caire. Bien entendu, le communiqué, d'aujourd'hui, du bureau politique du PPS a pris une distance avec les positions du MUR, Al Karama ou encore Al Adl wal Ihssane. Les camarades de Nabil Benabdellah tiennent à condamner «toutes les formes de violence», «le recours aux balles réelles» et appellent les parties du conflit à «privilégier les voies pacifiques en vue du règlement des divergences afin d'éviter à l'Egypte de tomber dans le piège de la guerre civile destructrice». Jusqu'à présent le PPS est le seul parti de la majorité de Benkirane, voir même de toute la mosaïque des formations politiques, qui s'est prononcé sur la crise en Egypte. La sortie médiatique timorée du département d'El Otmani «A la suite des informations faisant état de la mort d'un grand nombre de manifestants égyptiens au Caire, le Royaume du Maroc exprime son émotion et sa consternation et déplore les pertes en vies humaines», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Sans faire la moindre référence aux victimes de l'intervention des militaires, le texte estime que «seul le dialogue peut amener toutes les Parties à dégager les compromis nécessaires à une solution politique, mue par l'intérêt supérieur du Peuple égyptien».