Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Le bilan des morts s'alourdit en égypte Les Frères musulmans, d'où est issu le Président Mohammed Morsi, affirment que le bilan est beaucoup plus lourd : l'un de leurs porte-parol a évoqué 2.000 morts dans ce qu'il a qualifié de «massacre». Jawad Kerdoudi, le président de l'Institut marocain des relations internationales condamne fermement ces confrontations sanglantes. «Personnellement je condamne, comme toute la société internationale, l'intervention de l'armée égyptienne pour déloger par la force les manifestants islamistes qui protestaient pacifiquement.» nous, confie-t-il. Après cette tuerie, le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, a promis un retour à la sécurité «d'avant le 25 janvier» 2011, le début du soulèvement contre Hosni Moubarak. Il a ajouté que la police ne tolérerait plus aucun sit-in ni aucune manifestation. Jeudi, les violences ont repris avec plus de force, en Egypte. Des islamistes ont incendié un siège de l'administration d'une province au Caire et tué deux policiers dans le nord et le centre selon les autorités. En scandant «Nous reviendrons, en hommage à nos martyrs», plusieurs centaines de partisans des Frères musulmans ont défilé jeudi dans les artères d'Alexandrie pour protester contre les démantèlements sanglants au Caire de deux campements partisans du président Mohamed Morsi. «Le conseil de l'ONU doit rapidement se réunir» Selon, Jawad Kerdoudi, la situation actuelle en Egypte est très grave. Tout d'abord, il revient sur le coup d'Etat mené par le général Sissi en précisant que l'armée n'aurait pas dû intervenir contre les anti-morsi. « Elle aurait dû rester neutre. Le fait que l'armée ait enlevé le président Mohamed Morsi a créé un sentiment de frustration chez les pro-morsi, surtout que ces derniers ont accédé au pouvoir à travers les élections législatives.», conclut Jawad Kerdoudi. Pour lui la faute est provenue de l'armée égyptienne. La situation en Egypte présente «toutes les caractéristiques d'un coup d'Etat militaire», a déclaré la Norvège, flirtant avec un vocabulaire que les Occidentaux évitent soigneusement, contrairement à la Turquie, pays à cheval entre l'Europe et le Proche-Orient qui a vivement réagi aux troubles dans le pays arabe le plus peuplé (82 millions d'habitants). Suite à la situation sanglante qui prend place en Egypte ces derniers jours, plusieurs personnalités internationales ont réagi. Le Président français François Hollande a convoqué, jeudi matin, à l'Elysée l'ambassadeur d'Egypte à Paris, Mohamed Kamal, pour lui dire que «tout doit être mis en œuvre pour éviter la guerre civile» dans son pays. Les ambassadeurs d'Egypte à Berlin, Londres et Rome ont également été convoqués, mais pas par des chefs d'Etat ou de gouvernement. la Turquie a réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU . «Le Conseil de sécurité des Nations unies doit rapidement se réunir pour discuter de la situation en Egypte», a déclaré devant la presse le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, chef du parti de la Justice et du développement qui a dès le début qualifié de «coup d'Etat» la destitution par l'armée du président Morsi. A Washington, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a condamné mercredi soir «avec force la violence et l'effusion de sang» en Egypte et a fustigé la répression «lamentable» dont les partisans de Mohamed Morsi sont la cible, un «grave coup porté à la réconciliation et aux espoirs du peuple égyptien pour une transition démocratique». Quant à Barack Obama, il a dénoncé jeudi la répression en Egypte, engagée selon lui «sur un chemin dangereux» et a annoncé l'annulation de manœuvres militaires conjointes avec le Caire le mois prochain. Pour sortir de cette crise politique et sécuritaire dont souffre l'Egypte et pour mettre fin à cette marée de sang qui coule quotidiennement, Jawad Kerdoudi estime qu'il faut qu'il y ait une réconciliation entre l'armée et les islamistes. «Cette réconciliation se reflétera notamment dans de nouvelles élections transparentes», explique-t-il. Ajoutons qu'ainsi on donne aux islamistes une possibilité pour prouver leur force et leur volonté de travail. « Par la suite on pourrait créer un gouvernement d'union nationale, pourquoi pas», espère Jawad Kerdoudi. Adil Chadli (Stagiaire)