Un tribunal égyptien a condamné à mort lundi en première instance 529 partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l'armée pour des violences commises durant l'été, ont indiqué des sources judiciaires. Seuls 153 des condamnés sont détenus, les autres étant en fuite, ont précisé ces sources, ajoutant que 17 des accusés avaient été acquittés. Au total, plus de 1.200 personnes sont jugées pour ces violences survenues mi-août dans le gouvernorat d'al-Minya, à 250 kilomètres au sud du Caire, dans le plus important procès depuis le début de la répression des pro-Morsi lancée début juillet dans la foulée de l'éviction du seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement du pays. Mardi, 700 autres personnes sont citées à comparaître, dont plusieurs cadres des Frères musulmans de Morsi. Là aussi, la majorité des accusés sont en fuite. Comme les condamnés de lundi, ils devront répondre de violences survenues dans la province d'al-Minya le 14 août, au moment où soldats et policiers dispersaient dans un bain de sang des rassemblements islamistes au Caire. Parmi les accusés figurent de nombreux dirigeants des Frères musulmans de Morsi, dont leur Guide suprême Mohammed Badie, accusés de violences ayant causé la mort de deux policiers et d'attaques contre des biens publics et privés le 14 août dans cette province. C'est la première fois qu'autant de personnes sont jugées dans une seule affaire, alors que de nombreux procès d'islamistes se sont ouverts depuis la destitution le 3 juillet de Morsi, seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte. Depuis son éviction, les nouvelles autorités ont lancé une répression implacable qui a fait au moins 1.400 morts selon Amnesty International, dont plus de la moitié le 14 août lors de la dispersion de deux sit-in pro-Morsi au Caire. En outre, en huit mois, des milliers d'islamistes ont été arrêtés et sont désormais jugés, à l'image de Morsi et de la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans qui encourent la peine de mort. Depuis huit mois, ses partisans manifestent régulièrement pour réclamer son retour au pouvoir. Leurs rassemblements ont souvent dégénéré en heurts avec les forces de sécurité et des opposants au président destitué. L'influente confrérie des Frères musulmans a été classée groupe «terroriste» en décembre par les autorités après un attentat pourtant revendiqué par un mouvement jihadiste sans lien connu avec le mouvement islamiste vieux de 85 ans.