L'opération transit continue d'afficher les baisses d'arrivées. D'après les autorités espagnoles et les compagnies maritimes, la plupart des MRE, qui voyagent, optent pour l'avion low cost. Une tendance qui risque d'amoindrir davantage les flux du transit sur le détroit de Gibraltar. Inquiète, la protection civile espagnole met en garde quant à la possible révision du système d'exploitation de la traversée. Après une phase de lancement marquée par une baisse des arrivées, l'opération transit poursuit la même tendance. Les arrivées des MRE au mois de juillet qui, en temps normal est une période d'affluence, connaissent un net recul de 31%, par rapport à la même période l'an dernier, selon les dernières statistiques délivrées par la Protection civile espagnole. Dans le détail, certaines lignes sont considérablement affectées. C'est le cas de Almeria-Nador, qui accuse recul de près de 50% par rapport à l'année dernière, quand Algesiras-Tanger comptabilise 30,2% d'arrivées en moins. Depuis le début de l'opération, plusieurs explications au recul généralisé des arrivées sont avancées, notamment la crise, l'effet ramadan ou encore la cherté de la traversée. S'adressant à la presse mardi matin, le chef de l'Unité de protection civile et de la délégation du gouvernement à Sebta, Fernando Blasco, mettait un accent particulier sur le «changement de tendance et d'habitude» de la deuxième génération d'immigrés. «Celle-ci ne ressent pas le même besoin que les parents d'aller dans le pays d'origine en été», a avancé le responsable. Et ceux qui voyagent, poursuit-il, «préfèrent emprunter l'avion, devenu un moyen de transport bon marché». Une explication également privilégiée par les compagnies opérant sur le détroit. «La baisse des arrivées de MRE est attribuée principalement à de nouvelles habitudes de consommation des jeunes générations, l'apparition de vols low cost depuis les villes européennes et l'économie des familles face à la crise», a expliqué Christian Funck, DG de FRS Iberia. L'homme ne nie cependant pas l'impact du ramadan sur la programmation des vacances par les MRE, mais estime que les compagnies maritimes auraient pu faire du chiffre avec ceux qui veulent bien voyager. Mais ce n'est pas le cas, parce que de nombreux MRE préfèrent l'aérien. Les prix pourraient être revus Une situation fortement déplorée par M. Blasco qui estime que l'opération transit «n'est même pas aujourd'hui l'ombre de ce qu'elle a été par le passé. Et cet été, on n'a même pas l'impression qu'elle est lancée». Aujourd'hui, la Protection civile espagnole met en garde les compagnies maritimes sur la tendance baissière des arrivées des MRE. «Si cette tendance se poursuit, il faudra repenser le système d'exploitation de la traversée», a affirmé le responsable, sans donner plus de détails. Il semble cependant évident que les prix de la traversée pourraient être remis en question. Il faut dire que l'opération Transit profite au Maroc comme à l'Espagne dont l'activité des ports est considérablement boostée pendant l'été. Chaque année, c'est des millions de voyageurs qui traversent le détroit. Une manne financière qui a donné de l'appétit aux compagnies étrangères depuis la faillite de la Comarit, compagnie marocaine. Les prix pour la traversée des bateaux étant devenus trop onéreux, la question a même atterri au parlement marocain où le ministre de l'Equipement et du Transport, Aziz Rebbah a été sommé par ses pairs à trouver une solution. Plusieurs MRE réagissant notamment sur Yabiladi.com ont signifié leur préférence pour le low cost, compte tenu des prix pratiqués. Les compagnies maritimes peuvent toutefois espérer un rebond sensible au cours des deux prochaines semaines. Beaucoup de familles MRE ont prévu de passer la fin du Ramadan, ainsi que le mois d'août au Maroc. L'espoir est permis. Opération transit de plus en plus inversée Si les arrivées des MRE sont moins importantes depuis le début de l'opération transit, la traversée depuis le royaume chérifien s'accroit, rapporte l'agence de presse EFE. Les autorités espagnoles, ni les compagnies maritimes ne disposent des statistiques claires, mais une observation des flux des voyageurs confirmerait cette tendance. « De plus en plus de touristes marocains vont en Espagne pour les vacances », déclare M. Funck dont la compagnie a observé « une augmentation significative » des voyages des Marocains vers le Sud de l'Espagne. D'après l'armateur, cela n'est pas seulement vrai au mois de juillet, mais tout au long de la période estivale. Il explique notamment ce phénomène par le fait que le Maroc est moins impacté que l'Espagne notamment par la crise qui frappe l'Europe. Du coup, les résidents marocains auraient plus de facilités à envisager des vacances de l'autre côté de la rive méditerranéenne que les MRE vers le royaume chérifien.