Pour la première fois, le nombre de MRE qui reviennent au Maroc l'été, a baissé. Après une année de stagnation, les chiffres indiquent une baisse de 14,2% par rapport à l'opération transit 2011. Personne, au Maroc, n'a envie d'admettre que la manne des Marocains résidant à l'étranger s'affaiblit. Aujourd'hui, mardi 23 octobre, enfin, le ministère des MRE publie ses chiffres : seuls 2 058 250 Marocains sont retournés dans leur pays d'origine, cet été, entre le 5 juin et le 15 septembre, dans le cadre de l'opération transit. Les chiffres délivrés, dès le 15 septembre, par la Protection civile espagnole le laissait présager ; c'est confirmé : le nombre des Marocains vivant à l'étranger qui reviennent chaque été passer leurs vacances au Maroc est en baisse pour la première fois. Jusqu'à aujourd'hui, aucun chiffre officiel marocain n'était venu le confirmer, alors que l'an dernier, les données de l'opération transit avaient été publiés le 22 septembre. Toutefois, malgré cet «aveu» tardif, le ministère maintient le doute. Selon lui, «le nombre d'entrées est en quasi stagnation avec 20 000 entrées en moins», soit une baisse de 0,9%. Pourtant, comparés aux chiffres 2011 de la Fondation Mohammed V, les retours ont enregistré une baisse de 14,2%, soit 342 000 retours en moins. La fondation n'a, pour sa part, encore délivré aucun chiffre, plus d'un mois après la fin de l'opération transit. La proportion de personnes à rentrer par avion a parallèlement fortement baissé cette année. 59% des MRE qui sont revenus cet été ont choisi de prendre le bateau, révèle le ministère des MRE. Cette préférence contredit la tendance qui se dessinait jusqu'ici. Entre 2009 et 2010, l'augmentation du trafic par avion, au moment du transit des MRE, avait même permis de compenser la baisse de fréquentation des lignes maritimes depuis l'Espagne. En 2010, la part de l'aérien représentait 43,5% des retours, contre un tiers les années précédentes. En 2011, la tendance se confirmait avec 46% du trafic total passant par le secteur aérien. Cette année, cette part est redescendue à 41%. La mauvaise conjoncture du secteur des transports entre le Maroc et l'Europe explique à la fois la réduction du nombre de retours et la préférence inattendue pour le bateau. Le transport maritime a été «seulement» touché par la cessation d'activité de la société maritime marocaine Comarit. Une seule de ces lignes a été reprise par la société italienne GNV. L'avion en chute libre Le secteur aérien, pour sa part, a été beaucoup plus fortement touché. Les compagnies low cost actives au Maroc ont amorcé un mouvement de recul, en tête l'irlandaise Ryanair et la britannique Easyjet, qui représentent à elles seules près de 55% de l'offre globale au Maroc. Alors que fin juin, Ryanair annonçait une suppression de 34 vols hebdomadaires à partir du et vers le Maroc, Easy Jet lui emboitait le pas moins de deux semaines après en annonçant à son tour la suspension de plusieurs vols à destination et en provenance du Maroc. Le ramadan, tombé, cette année, en plein milieu des vacances scolaires a également joué un rôle important. Le calendrier a dissuadé bien des familles de rentrer au bled, cet été. En dépit de causes conjoncturelles extérieures, la baisse du nombre de retours enregistrés cette année correspond également à une tendance de fonds ressentie depuis plusieurs années. L'an dernier, d'après la Fondation Mohammed V, pour cette même opération transit, le nombre de retours avait stagné par rapport à 2010 restant établi à 2 400 000. Auparavant, de 2009 à 2010, l'augmentation avait été de 5%, selon la Fondation. La baisse en 2012 est donc également la suite logique du ralentissement puis de la stagnation du nombre de retours ces trois dernières années.