Novembre 2009, les autorités marocaines interdisaient à Aminatou Haidar l'accès à Laâyoune. Après une grève de la faim dans l'aéroport de Lanzarote aux Iles Canaries et une pression mondiale sur Rabat, elle était finalement autorisée à rentrer. Un cas qui rappelle de mauvais souvenirs pour certains responsables marocains, l'actuel ambassadeur à Paris, Chakib Benmoussa, en sait quelque chose. Rebelotte, pourrait-on dire, avec une nouvelle affaire mais cette fois c'est un athlète sahraoui. Il se nomme Salah Amaidan Hmatou. C'est un athlète sahraoui qui vit en France en sa qualité de réfugié politique. Pour les autorités de Laâyoune, il est persona non grata. Elles lui ont interdit l'entrée dans la capitale du Sahara. Une décision hautement politique. Le jeune sportif porte, en effet, les couleurs du Polisario. Vendredi, il atterrissait à l'aéroport Hassan Ier en provenance des Iles Canaries pour visiter sa famille. Visiblement alertée par son arrivée, les services de sûreté lui ont réservé un accueil particulier avec au menu «deux heures» de palabres, comme affirme Salaha Amidain dans un communiqué, avec les représentants de la douane et la police. Des discussions aux termes desquelles, il fut contraint de monter à bord d'un avion à destination de Las Palmas. Une fois arrivé aux Iles Canaries, il est allé frapper à la porte du consulat français de l'archipel pour exposer son cas et demander du soutien. Pour mémoire, en juin 2012, le Maroc avait expulsé l'athlète qui venait juste d'atterrir, en compagnie de quelques membres de sa famille, à l'aéroport de Marrakech. Au début Amaidan courrait avec le Maroc Avant 2004, Salaha Amaidan Hmatou portait le maillot du Maroc. C'est un athlète de demi-fond. Sous les couleurs du royaume, il avait même réussi à glaner le titre de vice-champion d'Afrique. C'est lors d'une manifestation internationale d'athlétisme, justement organisée en France, qu' il avait choisi de basculer du côté du Polisario en brandissant, devant les caméras, le drapeau du Front. Un choix qui lui avait empêché de participer aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004, Pékin en 2008 et Londres en 2012. Selon le quotidien sportif espagnol Marca, l'athlète a refusé de porter les couleurs de plusieurs pays qui lui proposaient la naturalisation : France et Espagne notamment. Actuellement, Amaidan court dans des compétitions de second niveau. Ses victoires, il les "dédie aux prisonniers sahraouis". Pour le moment, le cas de Salah Amaidan n'a pas encore atteint des proportions inquiétantes pour le Maroc. Mais, en Espagne, une avocate, très engagée dans la défense du Polisario, commence à s'intéresser à cette affaire. Elle s'appelle Inés Miranda, c'est l'avocate d'Aminatou Haidar lorsqu'elle avait mené sa grève de faim, en novembre 2009, dans l'aéroport de Lanzarote.