Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, inspecteur général de la «police du Polisario» est menacé de prison s'il retourne dans les camps de Tindouf. Il lui est reproché d'avoir affiché son soutien à la proposition marocaine d'autonomie. Le cas de ce membre dirigeant du Polisario n'émeut pas pour le moment l'opinion internationale et la presse espagnole, qui avait pourtant fait de l'affaire Haidar ses choux gras. Tous les Marocains se souviennent de la dénommé Aminatou Haidar, qui a été refoulée de Laâyoune en novembre 2009, pour avoir refusé d'inscrire sa nationalité marocaine dans la fiche de débarquement alors qu'elle avait un passeport marocain. Elle revenait d'une tournée où elle avait prôné le droit à l'autodétermination des Sahraouis. Après son expulsion vers Lanzarote (Iles Canaries), le Maroc avait dès lors été accusé d'atteinte aux Droits de l'homme. Mme Haidar avait entamé une grève de la faim et porté plainte contre le Maroc et l'Espagne. Par la suite, son état de santé s'était dégradé, ce qui avait valu une hospitalisation en soins intensifs. Face aux pressions des pays amis du Maroc, elle a pu regagner son domicile le 18 décembre à Laâyoune, après 33 jours de grève de la faim à Lanzarote. La presse espagnole, qui ne rate pas une seule occasion de tacler le Maroc, n'a pas accordé le même intérêt à Mustapha Ould Sidi Mouloud. Pourtant, le cas de l'inspecteur de la «police du Polisario» est beaucoup plus grave, car il s'agit d'une atteinte à la liberté d'expression, et que de sérieuses menaces planent sur lui. Le seul tort de l'homme qui est venu au Maroc pour rendre visite à son père, a été de déclarer publiquement à Smara au début du mois d'août, qu'il défendrait le plan d'autonomie proposé par le Maroc, à son retour dans les camps Lahmada. Bémol, la direction du Polisario ne l'entendait pas de cette oreille. Alors qu'il a décidé de rentrer à Tindouf où il réside depuis 31 ans, des responsables sahraouis ont prévenu sa famille qu'il serait emprisonné en cas de retour dans les camps. Il s'est alors installé à Zouerate, dans le nord de la Mauritanie, d'où il a multiplié les appels vers la communauté internationale sur son sort. De même, des partis politiques marocains, des associations de Marocains établis à l'étranger, ainsi que des ONG internationales ont appelé à assurer la sécurité de Sidi Mouloud. D'aucuns craignent même qu'il ne subisse la même fin tragique que Mahfoud Ali Beiba, président du conseil national sahraoui (CNS- équivalent du parlement), décédé d'une mort suspecte en début juillet, alors qu'il avait manifesté son désir de rejoindre le Maroc. Après avoir multiplié les déclarations, notamment son droit inaliénable de rejoindre sa famille restée à Tindouf, et son ambition de «libérer les sahraouis de la servitude des séparatistes», Mustapha Salma a choisi de défier le Polisario. Le mercredi soir, il a annoncé par téléphone aux médias, depuis Zouerate où il se trouvait encore, qu'il prendrait jeudi le chemin des camps de Tindouf. Il devrait être ce vendredi du côté algérien de la frontière. Le Maroc a peut-être mal géré l'affaire Haidar qui était au départ insignifiante. Aujourd'hui, le pays entier suit de près celle de Mustapha Salma. En attendant que l'inspecteur de la «police du Polisario» fasse de nouveau parler de lui, on ne peut que critiquer l'attitude de deux poids deux mesures des médias et ONG à travers le monde, surtout ceux de l'Espagne. La défense des droits humains semble être à géométrie variable.