Après une année et sept mois passés dans les rangs de l'opposition, le RNI n'arrive pas à oublier son premier amour : la majorité. Le parti de la Colombe accepte de remplacer celui de la Balance. Sauf coup de théâtre, il devrait fournir assez d'énergie pour que la flamme de la lampe des frères de Benkirane reste allumée jusqu'à la fin de son mandat en 2016. Le RNI tend la main au PJD. Le bureau politique de la Colombe a décidé, aux premières heures de ce mardi à Casablanca, de mandater Salaheddine Mezouar, le président, d'entamer des négociations avec Abdelilah Benkirane en vue d'une participation des RNIstes au gouvernement. Une réunion devrait avoir lieu cette semaine entre les deux anciens ennemis pour sceller définitivement ce mariage arrangé pour «le bien de nation» et la «défense des intérêts du peuple». Une alliance rendue possible grâce au retrait des amis de Hamid Chabat de l'exécutif. Les islamistes sont tenus de composer avec une formation, souvent qualifiée, par la prose PJDistes, d'être à la solde de leurs adversaires politiques, hostiles aux réformes. La fin du purgatoire pour les RNIstes Depuis sa création, vers la fin des années 70 du siècle dernier, le RNI est foncièrement un parti de gouvernement. Son passage à l'opposition, à l'issue des élections législatives du 25 novembre 2011, obtenu au forceps, s'est révélé une mission très délicate pour les membres de ce parti. La majorité de ses députés n'ont pas la culture de l'opposition. Au parlement, ce sont les élus de l'USFP et du PAM, rompus aux joutes verbales, qui ont ravi la vedette aux RNIstes. Résultat, le parti qui devait conduire cette opposition, compte tenu de ses 54 sièges à la Chambre des représentants, a failli dans cette mission. Son retour à la majorité est une opportunité qui s'offre à cette formation pour renouer avec les avantages inhérents à la gestion de la chose publique. Compte tenu de la nature du RNI et surtout de sa proximité avec le palais, les négociations entre Benkirane et Mezouar ne devraient pas durer longtemps. La Colombe sait parfaitement ce que le chef de gouvernement attend d'elle, lui fournir assez d'énergie pour maintenir la flamme de sa lampe allumée jusqu'à la fin de son mandat en 2016. Les maroquins aux proches de Mezouar Dans ce contexte, certains supports de la presse marocaine commencent déjà à citer les noms des futurs ministres du RNI appelés à remplacer les cinq istiqlaliens démissionnaires. Ils pourraient s'agir de Rachid Talbi Alami pressenti pour occuper le département des Finances et de l'Economie. L'actuel président du groupe parlementaire du RNI était, sous le gouvernement Jettou, ministre du Commerce et de l'Industrie de 2002 à 2004 puis chargé des Affaires générales du gouvernement de 2004 à 2007. Il y a de fortes chances qu'il ne soit pas le seul revenant, Mohamed Abbou, ancien ministre de la Fonction publique sous l'équipe Abbas El Fassi I, pourrait succéder à Abdessamad Kayouh à l'Artisanat. Anis Birou devrait hériter du ministère des MRE, Mohamed Aujar pourrait remplacer Youssef Amrani comme éventuel n°2 de la diplomatie et Amina Benkhadra bénéficierait de la démission de Fouad Douiri pour revenir à la tête du département de l'Energie et des Mines. Tous ces candidats ont à leurs avantages, une longue expérience dans la gestion publique et qu'ils ne trainent pas des casseroles. Deux atouts qui pourraient séduire Benkirane.