Qui bloque le vote, maintes fois annoncé et maintes fois reporté, des MRE aux élections marocaines ? Une question qui ne laisse pas insensible les différents acteurs de la diaspora. Chacun y va de sa propre version. Pour Abdellah Boussouf, le secrétaire général du CCME, le gouvernement Benkirane est le principal coupable. Le torchon brûle encore et toujours entre le PJD et le CCME. Jeudi soir, sur le plateau de l'émission «Mowatin Al Yaoum» ( Citoyen d'aujourd'hui), que diffuse Medi1TV, le n°2 de ce Conseil n'a pas fait dans la dentelle. C'est un réquisitoire enflammé qu'il a dressé contre l'équipe Benkirane. Florilège. «Je ne sais pas ce qu'attend le gouvernement pour opérationnaliser le discours du 20 août 2012 du roi Mohammed VI, lequel a mis la barre très haut». Abdellah Boussouf se réfère au passage suivant dans lequel le monarque dit aux MRE que : «vous n'avez, de votre côté, ménagé aucun effort pour préserver vos attaches, et vous n'avez de cesse de mettre le Maroc au cœur de vos préoccupations quotidiennes, défendant ses causes nationales, contribuant à son développement et veillant au renforcement de ses relations avec vos pays de résidence (…) nous veillerons à donner pleine effectivité aux dispositions de la Constitution qui vous assurent une participation aussi étendue que possible à la construction du Maroc de demain, et une présence active dans les instances dirigeantes d'institutions nouvelles». «Des MRE ont été nommés ambassadeurs, directeurs de sociétés publiques et même ministres dans d'autres pays en Europe, en Amérique et nous n'avons pas encore bougé pour faire pareille», s'est interrogé le secrétaire général du CCME. Et d'enchainer avec cette autre interrogation : «Qu'est-ce qu'attend le cabinet Benkirane pour nommer des ambassadeurs et consuls issus de la communauté marocaine installée à l'étranger. Et pourtant, les partis qui constituent l'actuelle majorité avaient inscrits cette promesse dans leurs programmes électoraux ?» Boussouf répond-t-il à la députée PJDiste El Ouafi ? Le ton virulent d'Abdellah Boussouf lors de l'émission de Medi1TV est un autre indicateur des relations très tendues entre cette institution et la primature, pourtant autorité de tutelle. En agissant de la sorte, le n°2 du CCME répond-t-il à l'intervention de la députée Nouzha El Ouafi à la Chambre des représentants ? Le 27 mai, lors de la séance des questions hebdomadaires, diffusée en direct sur Al Oula, la PJDiste ne s'est pas contentée de tirer à boulets rouges sur la gestion financière du CCME mais elle a renchérit en affirmant que ce conseil «menace la confiance de MRE en les institutions» marocaines, précisant que «l'assemblée générale du CCME ne s'est jamais tenue, conformément à l'article 22 du Dahir constituant (…) Parce que certains prétendent qu'ils sont au-dessus de tout contrôle». La nouvelle loi organique du CCME figure dans la feuille de route des lois que le cabinet Benkirane a soumise récemment au parlement. La réponse à la question de «qui bloque la participation politique des MRE ?» demeure suspendue en attendant de voir plus claire dans cette future loi organique.