16 millions d'internautes, 5 millions de membres sur Facebook, le Maroc est sans conteste, devenu un pays connecté. Internet et les réseaux sociaux ont pris une place telle que les entreprises cherchent à tirer profit de ce boom, ou tout du moins essayent de ne pas être larguer. Ainsi de nouveaux métiers émergent à la croisé de l'ancien monde (marketing, communication, crm) et du nouveau monde technologique et social (engager la conversation, rassembler une communauté, curation de contenu ). Le Community Manager est ainsi né de la fusion de ces deux univers, une sorte d'ambassadeur des marques auprès des communautés sur internet. La première édition du CMDay au Campus du CFCIM à Casablanca a permis de braquer les projecteurs sur ce nouveau métier, afin d'analyser les opportunités pour les entreprises au Maroc ainsi que d'évaluer les opportunités en terme d'emplois pour le royaume. Yasser Monkachi, co-fondateur du Social Media Club et organisateur du CMDay, a bien voulu répondre à nos questions. Interview. - Yabiladi : Quel bilan faites-vous de l'évènement CMDay au Campus du CFCIM à Casablanca ? - Yasser Monkachi : Un bilan très positif compte tenu des retours encourageants des participants et toutes les parties prenantes de cette première édition dont l'organisation n'était pas de toute facilité. Nous voulions une journée d'étude, d'apprentissage interactif et d'échange d'expériences et d'expertises. Le résultat était que cette immersion, si j'ose dire, a permis l'émergence d'une intelligence collective au travers d'une complicité exemplaire et d'une générosité à toute épreuve dont ont fait montre les intervenants, les organisateurs, les partenaires et les participants. «On en sort hyper motivée et de plus en plus engagée après les évènements, et surtout ceux qui sont réussis et instructifs, tel que Community Management Day» nous a spontanément témoigné une participante sur le mur Facebook de l'événement. Une grande satisfaction pour l'équipe organisatrice, les intervenants et les partenaires qui n'ont épargné aucun effort pour faire de cet événement une réussite pédagogique et organisationnelle. - Le community manager est-il un métier reconnu aujourd'hui au Maroc ? - Un métier maintenant connu du grand public et des professionnels, et en bonne voix pour être reconnu par les entreprises marocaines. Ces dernières sont de plus en plus conscientes de l'importance de ce métier qui est non seulement garant de leur e-réputation mais aussi un gage de survie suite à l'émergence de communautés sur le Web (et hors web). Un métier au carrefour du management, du marketing et de la technologie, dont l'appréhension nécessite la plus grande vigilance et la mise en place avec la plus grande précaution. Une méfiance s'installe naturellement au début, des erreurs, voire même des échecs sont vécus, de mauvais choix de stratégies, de profils et d'outils, … puis les entreprises trouvent, chemin faisant, leur rythme, leurs oiseaux rares, optent pour les bonnes stratégies et choisissent les bons partenaires et les meilleurs outils. C'est grâce à l'adoption et la mise en œuvre de bonnes pratiques que le métier s'imposera par sa pertinence et sa valeur ajoutée. - Beaucoup d'entreprises considèrent les CM comme de simple webmaster, ou des hotliners de centre d'appels. N'est ce pas réducteur ? - Très réducteur à mon sens, de même que l'industrialisation que souhaitent en faire certains professionnels. Le métier de CM n'est ni à robotiser ni à industrialiser ! Il s'agit d'un métier à humaniser et à doter de l'importance qu'il mérite. Ce n'est pas non plus un métier de stagiaires ou de novices car on ne confie pas l'image et la e-réputation de l'entreprise à n'importe qui. C'est par contre un métier à prendre au sérieux et avec soin afin d'en récolter des bénéfices dont on peut citer la fidélisation et l'alliance avec les communautés. Faire de ces communautés émergeantes les meilleures alliées des marques, en voilà un objectif que toute marque qui se respecte se doit d'avoir. N'oublions pas que l'on est au 21ème siècle avec les défis que l'on connaît et les challenges qui attendent les entreprises sur le web et en IRL. (Ndlr : dans la vie réelle) - L'enjeu n'est-il pas aussi au niveau des instituts de formation encore absents sur les nouveaux métiers dans le domaine du web ? - La formation pourrait en effet contribuer à la professionnalisation de ce métier mais, à ma connaissance, et ayant tenté moi-même de lancer un Master en CM sans succès, l'environnement local n'est pas encore prêt à une formation aussi pointue. L'insertion par contre de cette discipline dans des cursus de formation en Marketing/Communication et en informatique serait la bienvenue pour préparer une large population à des opportunités en CM et donner la possibilité au plus grand nombre de découvrir et valider leur penchant et leurs talents en matière de gestion de communauté. Des qualités et des compétences qui seront mis à l'épreuve de la pratique quotidienne car c'est à l'œuvre que l'on reconnaît l'artisan ! - Pour finir, quelles sont perspectives pour ce métier au Maroc ? - En l'absence d'études et de statistiques détaillées, on ne peut parler que d'impressions et de retours d'expériences, lesquels promettent un bel avenir à cette profession mais ne nous emballons pas et restons prudents. Comme pour tout nouveau métier, on ne peut prédire avec précision les tendances futures et les perspectives quantitatives (salaires, nombre de postes,…) et qualitatives (place dans l'entreprise, valeurs,…). Les Community Managers s'organisent et gagnent en maturité de par le monde et le métier est en train de se stabiliser et de prendre de la valeur. Une vague de fond qui n'épargnera surement pas notre pays avec toutes les opportunités qu'elle recèle ainsi que les risques qu'elle pourrait cacher. Visiter le site du CMDay au Maroc : http://www.cmday.ma/ Bio express Consultant Web, contenu et nouveaux medias, Yasser est aussi formateur en Community Management auprès du Groupe TBS (Toulouse Business School). Il a également réalisé des missions de conseil et de formation au sein d'organisations internationales et de grands groupes marocains et multinationaux (ONU, PNUD, TGR, FEC, Lafarge, EGE, BMCE Bank,…) Auteur du blog impulsion 2.0 et rédacteur sur le journal du net, il est co-fondateur du Social Media Club Casablanca et du Google Business Group Casablanca. Yasser est par ailleurs chercheur et curateur en Transmedia (ESJ/IAE Lille).