Lorsqu'on parle de l'extinction des lions de l'Atlas en Afrique du Nord, bon nombre de scientifiques et d'ouvrages spécialisés affirment que le félin aurait disparu, à l'état sauvage, dans les années 1920. Néanmoins, des chercheurs viennent de publier un tout nouveau rapport dans lequel ils affirment que le spécimen aurait disparu dans les années 1960. En quelle année le lion de l'Atlas a-t-il réellement disparu à l'état sauvage ? C'est pour le savoir que des chercheurs spécialisés en conservation animalière originaires de Grande-Bretagne, d'Algérie et du Qatar ont mené des recherches durant près de 20 ans, rapporte le site Scientific American. Leurs conclusions ont été compilées dans un rapport publié au début de ce mois d'avril. D'après leurs estimations, le lion de l'Atlas aurait disparu dans les années 1950-1960, allant même jusqu'à parler de 1965. Cette date contredit les thèses des spécialistes et des ouvrages animaliers, qui, eux, ont toujours affirmé que le dernier lion a été vu en 1930. Dans sa thèse de doctorat publiée en 2003 sur les espèces animales du Maroc, Fabrice Cuzin, lui, affirme que la dernière mention connue de cette espèce au Maroc remonte à 1942. Le dernier lion aurait été vu en 1956 Comment ses chercheurs ont-ils pu arriver à cette conclusion ? Ils ont tout simplement épluché des centaines de témoignages des populations locales d'Afrique du Nord qui avaient signalé, au cours des deux derniers siècles, avoir vu des lions de l'Atlas près de chez eux. Les tous premiers témoignages remontent ainsi à avant 1839. A cette époque, des gens avaient aperçu des lions dans le nord du Maroc, près de Melilla et de Tanger. Les chercheurs ont également récolté des photos et ont mené des interviews avec des gens, notamment en Algérie, qui leur ont expliqué avoir vu le lion lorsqu'ils étaient enfants ou qui leur ont raconté les contes sur les lions qu'ils entendaient étant petits. Le dernier témoignage de personnes à avoir vu un lion de l'Atlas vivant remonte à 1956 dans la région de Sétif, en Algérie. Plusieurs personnes transportées dans un bus sont passées devant une forêt et ont tous aperçu un animal qui ressemblait à un lion. La forêt a été ensuite détruite durant la guerre d'Algérie. Les chercheurs pensent qu'avec la disparition de la forêt, les lions ont eux aussi disparu. Néanmoins comme l'habitat du lion de l'Atlas s'étendait du Maroc à l'Egypte, ils estiment que d'autres lions auraient pu ainsi vivre cachés dans la nature, une décennie plus tard, sans que personne ne les repère, avant de s'éteindre définitivement vers 1965. Purs ou hybrides ? Les scientifiques ont également voulu savoir si aujourd'hui il existait toujours des «purs» lions de l'Atlas. Plusieurs zoos dans le monde affirment en posséder dans leur collection animalière. Les experts en doutent, rappellant qu'il s'agit là surtout d'espèce hybride, c'est-à-dire des lions de l'Atlas croisés avec des lions provenant d'Afrique subsaharienne. Pour ce qui est du zoo de Rabat qui dit posséder 35 lions de l'Atlas purs, tout droit descendant des lions gardés précieusement dans la fauverie royale, les experts affirment que cela est possible. Néanmoins, pour s'en assurer à 100%, il faudrait faire des tests génétiques et comparer l'ADN des félins de Rabat à des os et des peaux de lions de l'Atlas soigneusement conservés dans des musées. Le problème est que ces tests sont d'une part, extrêmement couteux. Et d'autre part, les os et les peaux conservés ont plus de 140 ans d'âge, ce qui risquerait de donner des résultats peu fiables. Cependant, en 2005, des premiers tests génétiques avaient été menés sur 5 de ces lions de Rabat. Les résultats avaient conclu qu'ils n'étaient pas véritablement des descendants des lions de l'Atlas.