Le Maroc et l'Union européenne seraient-ils arrivés à un point de non-retour dans les négociations pour l'adoption d'un nouvel accord de pêche ? Alors que la question épineuse de la compensation financière semblait être le volet le plus bloquant dans les discussions, la commissaire européenne aux Affaires maritimes et à la Pêche, Maria Damanaki, révèle que le problème est ailleurs: Le respect des droits de l'homme au Sahara. Rabat doit répondre. L'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne (UE) tarde encore à être scellé. Le 6ème round des négociations devrait se tenir à Bruxelles, mais la date n'a toujours pas été fixée. S'adressant aux eurodéputés lundi dernier, la commissaire européenne aux Affaires maritimes et à la Pêche, Maria Damanaki, aurait confié que ce ne sont ni les conditions techniques, ni la contrepartie financière qui font obstacle, mais plutôt des problèmes «de nature politique», en référence à la garantie du respect des droits de l'homme au Sahara que l'UE exigerait de Rabat. Cela a été révélé à la presse par le ministre espagnol de l'Agriculture, Miguel Arias Cañete, après une réunion tenue au Luxembourg. Réunion pendant laquelle les ministres de la Pêche de l'UE et la commissaire ont abordé la question des négociations avec le royaume chérifien, à la demande de l'Espagne. Les droits de l'homme au Sahara, encore et encore Maria Damanaki avait déjà évoqué la question des droits de l'homme au Sahara en février dernier lors du cinquième round des négociations, après avoir reçu une lettre du «ministre» délégué du Polisario pour l'Europe. Ce dernier réclamait «la suspension des négociations […] à cause de la persistance du Maroc dans les violations des droits du peuple sahraoui et le pillage illégal des ressources naturelles du Sahara occidental». Il est vrai que les droits des populations sahraouies apparaissent souvent comme un obstacle au bon fonctionnement des affaires de pêche entre Bruxelles et Rabat. Par le passé, l'Union demandait juste aux autorités marocaines de lui présenter des documents attestant que la population sahraouie bénéficie de l'accord de pêche. Mais Rabat a toujours refusé de se plier à cette exigence. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le précédent accord de pêche n'avait pas été prolongé en décembre 2011. Si la commissaire insiste sur ce problème aujourd'hui encore, c'est que le sujet épineux de l'élargissement des prérogatives de la Minurso au Sahara doit y être pour quelque chose. Les pays membres de l'UE ne sont pas tous emballés par la conclusion d'un accord de pêche avec le Maroc. C'est surtout l'Espagne, dont les chalutiers dépendent largement de leur activité dans les eaux marocaines, qui fait pression. Au Luxembourg, Miguel Arias Cañete a d'ailleurs rencontré Mme Damanaki en tête à tête pour réclamer une signature rapide de l'accord. Les choses risquent de tarder encore plus Par contre, un aspect du dossier semble encourageant pour Madrid. Le volet financier qui opposait le Maroc et l'UE semble se résoudre peu à peu. En effet, Rabat avait demandé, pour le nouvel accord, une compensation financière de 36 millions d'euros par an, tout en exigeant une réduction des droits de pêche à accorder, afin de protéger les ressources. Mais l'UE ne proposait qu'une somme de 28 millions d'euros révisable à la hausse à condition que Rabat élargisse «considérablement» les droits de pêche des bateaux européens. «La commissaire nous a dit qu'il y a de grands progrès dans la compensation financière et technique et qu'à l'heure actuelle, l'accord ne dépend que de la réponse marocaine pour résoudre les problèmes d'ordre politique», indique M. Cañete. D'après une source de l'UE, Mme Damanaki attendrait actuellement la réponse de Rabat quant à la garantie du respect des droits de l'homme au Sahara exigée par Bruxelles. Les dernières discussions entre le Maroc et l'UE remontent à février dernier et les deux parties doivent toujours fixer une date pour la prochaine rencontre. Mais avec la polémique autour de l'extension des prérogatives de la Minurso, ce ne serait pas étonnant si les choses tardent encore plus.