Les chalutiers européens, en particulier espagnols, devront s'armer de patience. Leur retour dans les eaux atlantiques marocaines n'est pas pour demain. Les discussions entre le Maroc et l'Union européenne sont au point mort même si le volet technique a enregistré des progrès durant les cinq rounds de discussion. Les négociations pour la signature d'un nouvel accord de pêche entre le Maroc et l'UE sont dans l'impasse. Message transmis, hier, mardi 26 février, par la Commissaire de la Pêche au sein de la Commission européenne, Maria Damanaki, aux ministres des vingt-sept du secteur. Deux raisons ont conduit la responsable à cette conclusion. La première se rapporte au montant annuel de la compensation financière réclamée par le Maroc pour que les bateaux de l'Union européenne puissent revenir pêcher aux large de ses côtes. Bruxelles le juge trop élevé. Selon la presse européenne, Rabat aurait demandé 38 millions euros, contre 36,1 millions euros dans le précédent protocole, alors que l'offre de l'UE n'aurait pas dépassé les 25 millions euros. Cette différence serait à l'origine de l'échec du cinquième round des négociations entre le Maroc et l'UE, tenu à Rabat les 11 et 12 février. Les droits de l'homme au Sahara La deuxième raison de cet échec est, selon Maria Damanaki, comme le souligne une dépêche de l'agence EFE, «l'absence de garanties suffisantes sur le respect des droits de l'homme au Sahara occidental». Cet argument est nouveau. Jamais auparavant, la Commission européenne n'avait évoqué ce point. Serait-il la conséquence du verdict du procès Gdim Izik, prononcé le 17 février par le tribunal militaire de Rabat ? Par le passé, Bruxelles avait seulement demandé aux autorités marocaines de lui présenter des documents attestant que la population du Sahara bénéficie de l'accord de pêche. Une exigence à laquelle Rabat a refusé de se plier. Cet élément faisait partie des raisons invoquées par l'Union européenne pour mettre un terme au précédent accord de pêche, le 14 décembre 2011. Le Polisario jubile L'Espagne, principale bénéficiaire de la signature d'un éventuel nouveau protocole, n'a pas réusssi convaincre la Commission européenne et les autres pays membres de l'UE de répondre favorablement aux demandes financières marocaines. Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Miguel Arias Cañete, a appelé, hier, à «faire un effort économique et ratifier, le plus tôt possible, l'accord», relève EFE. Si Madrid a de quoi s'inquiéter de l'échec des discussions, le Polisario, en revanche, jubile. Son «ministre» délégué pour l'Europe vient juste d'écrire une lettre à Maria Damanaki dans laquelle il explique que «la suspension des négociations en cours de la pêche entre EU et le Maroc est indispensable à cause de la persistance du Maroc dans les violations des droits du peuple sahraoui et le pillage illégal des ressources naturelles du Sahara occidental.»