Cette année, la commémoration du 33ème anniversaire du printemps berbère en Kabylie a été marquée par l'arrestation d'un Marocain. De Rabat, le ministre algérien de l'Intérieur a expliqué que l'interpellation est «légale», estimant que le militant amazigh a participé à une manifestation organisée par un mouvement «séparatiste» ! Les autorités algériennes viennent d'arrêter le vice-président du congrès mondial amazigh, le Marocain Khalid Zirari. Son «crime» : sa prise de parole, le samedi à Tizi-Ouzou, lors d'une marche réclamant l'autonomie en Kabylie. Une initiative du Mouvement pour l'Autonomie en Kabylie, présidé par le chanteur amazigh Ferhat Mehenni. Une personne honnie par la classe politique officielle et les médias qui gravitent autour d'elle. Il est accusé, notamment, d'être un agent à la solde du régime marocain et d'Israël. Et pour cause, l'homme n'a pas tari d'éloges au plan de paix proposé, en 2007, par le royaume au Sahara, conférant à la région une large autonomie. Participation à une marche séparatiste, selon l'Intérieur algérien A l'issue de la réunion, dimanche à Rabat, des ministres de l'Intérieur de l'Union du Maghreb, le ministre algérien, Dahou Ould Kablia, a soutenu que l'arrestation de Khalid Zirari est due à sa «participation à une marche non-autorisée» d'un «mouvement séparatiste», une allusion au MAK de Mehenni. Zirari ne devrait pas être jugée mais seulement expulsé vers le Maroc et interdit d'entrer sur le territoire algérien. Vingt-quatre heures après ces déclarations, le vice-président du Congrès mondial amazigh n'est toujours pas entré au Maroc. A plusieurs reprises, nous avons tenté de le joindre sur portable, en vain. Son téléphone sonnait... Et c'est tout. Des sources amazighes indiquent qu'avant même son arrestation à Tizi-Ouzou, Khalid Zirari a été harcelé par la police de l'aéroport Houari Boumediene avant de lui autoriser l'entrée en Algérie. Chose refusée au président d'une autre association amazighe, présidée par le libyen Fathi Benkhlifa. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les autorités algériennes procèdent à l'interpellation de militants amazighs marocains. Le 29 octobre 2008, une trentaine de représentants d'associations berbères avaient été interdits de prendre la route vers Tizi-Ouzou, la capitale de la Kabylie pour assister à une réunion des dissidents de la direction du Congrès mondial amazigh. Maintenus dans la zone internationale de l'aéroport d'Alger, avec en prime la confiscation de leurs passeports, ils y avaient passé plus de deux jours avant de pouvoir enfin regagner le Maroc.