Comment faut-il lire la fusion des holdings ONA / SNI et l'annonce faîte par le top management du holding royal d'ouvrir davantage le capital de certaines de ses principales filiales en cédant des volumes conséquents sur le marché boursier ? De prime abord, cette orientation stratégique est un véritable tournant avec en toile de fond l'amorce de la recomposition du paysage économique et…financier. On peut également y voir une volonté de moderniser l'économie nationale avec la mise en concurrence de certains secteurs d'activités comme le sucre, le lait ou encore l'huile de table dont les leaders ne seront plus les filiales de la holding royale. Ainsi, la Centrale laitière, détenue à hauteur de 55 % par l'ONA et 8,3 % par la SNI, s'apprête à ouvrir son capital, au même titre que la filiale Cosumar (sucre), 55 % ONA et 7,09 SNI et que Lesieur (55 % ONA, 20 % SNI). Du côté du top management, on parle de «maturité atteinte par certaines filiales» pour justifier l'ouverture au capital (Centrale Laitière, Cosumar, Lesieur). Un argument qui ne peut expliquer, à lui seul, l'opération de retrait partiel de la bourse. Et si tel est le cas, cela voudrait-il dire que le groupe cède les entreprises qui n'ont plus un potentiel de croissance important et garde celles qui ont de meilleures perspectives de croissance : nouvelles technologies, banques, énergies renouvelables, grandes distributions,… La nouvelle holding qui naîtra des cendres de SNI / ONA, devrait engranger une importante manne financière à la suite des cessions en bourse. Dans l'hypothèse extrême d'une cession de la totalité des participations détenues par les holdings ONA et SNI dans les tours de table de Cosumar, Lesieur et Centrale Laitière, la nouvelle holding engrangera une manne de plus de 13 milliards de dirhams. De quoi envisager l'avenir sereinement…. Du cash qui pourra être rétribué aux actionnaires des deux holdings (SNI et ONA) et/ou drainé vers d'autres activités jugées plus prometteuses. Notamment dans le secteur des énergies renouvelables dans lesquelles la nouvelle holding pourra compter sur sa filiale Nareva qui se positionne déjà comme un futur acteur incontournable dans le développement des énergies renouvelable (éolienne aujourd'hui et peut-être solaire demain). Autre interrogation de taille. La cession d'actions, initiés par ONA et SNI, aura-t-elle des répercussions sur la dynamique de la bourse de Casablanca, en berne depuis plusieurs mois ? Selon des observateurs de la place, rien n'est moins sûr. Si on s'attend à une augmentation du flottant des trois valeurs -Centrale Laitière, Cosumar et Lesieur- sur le marché boursier, il n'est pas du tout certain que ces valeurs puissent remplacer les holdings. Par ailleurs, ces entreprises perdront un peu de leur valeur «psychologique» liée à leur appartenance aux holdings royales. De plus, «une valeur comme Centrale laitière qui s'échange autour de 10 500 dirhams reste non liquide et aura donc un impact très faible sur les échanges du marché», souligne un analyste financier. C'est dire que le marché boursier va perdre au change. Et enfin, cette opération en laisse entrevoir d'autres qui ne manqueront pas d'impacter le cadre macroéconomique et le microcosme financier local. Certains observateurs avertis s'interrogent sur la future configuration économique à moyen terme ? Des investisseurs étrangers seront-ils sensibles aux signaux ? La concurrence (loyale) prendra-t-elle le pas sur la concurrence…déloyale ?