Et de 3 pour SNI ! La holding vient, en effet, de signer un contrat de cession de sa participation dans Bimo au groupe Kraft Foods. Après celles de Lesieur Cristal et Centrale Laitière, le désormais holding de portefeuille acte ainsi la troisième opération de réduction de son périmètre en un peu plus d'un an. Comme pour la précédente cession, intervenue en juillet dernier, un deal a été conclu avec un actionnaire qui était déjà présent dans le tour de table. «Ce n'est pas un hasard», concède volontiers un membre du top management de SNI, qui explique tout de même que «la préférence est donnée aux partenaires mais à la condition qu'ils soient porteurs du meilleur projet et qu'ils valorisent au mieux la société». Et d'étayer : «nous avons d'ailleurs discuté avec d'autres repreneurs potentiels en parallèle». En fait, pour le top management, l'essentiel reste que ces cessions se fassent aux meilleures conditions, aussi bien pour le processus industriel, pour les salariés que pour SNI. Celle-ci revendique d'ailleurs une grande responsabilité dans ces sociétés qui ont mis des décennies à développer leur savoir-faire et surtout à ériger des marques à très forte notoriété. Priorité aux partenaires Or, c'est justement la force de ces marques qui explique, selon notre source, que des actionnaires déjà présents dans le tour de table montrent autant d'enthousiasme à proposer un accord de reprise. En fait, de par leur position, ils sont les mieux placés pour connaître la valeur de ces sociétés. Aussi, Danone et Kraft Foods ont approché SNI dès l'annonce de la réorientation stratégique en mars 2010 pour une éventuelle reprise de ses filiales. Cela montre aussi que ces acteurs économiques de référence mondiale ont confiance dans l'évolution future du marché marocain et par extension, dans la pérennité de leur investissement dans le royaume. Pour revenir au programme annoncé de cession des filiales matures de SNI, les choses semblent aller bon train, malgré une conjoncture mondiale pour le moins difficile. Aussi, le top management se refuse à restreindre sa marge de manœuvre en fixant un deadline. En clair, SNI se donne le temps de bien faire les choses et de faire aboutir les négociations aux meilleurs termes. Cela fait qu'il n'y a pas d'ordre préétabli pour les opérations de réduction de périmètre. D'ailleurs, du côté de SNI, on ne s'en cache pas : « l'ordre des cessions n'est pas prédifini et dépend des circonstances de chaque opération», même si la liste des filiales dont des participations sont à céder est connue de tous. À qui le tour ? Ainsi, après Lesieur Cristal, Centrale Laitière et Bimo, viendra le tour de Sotherma, Attijariwafa bank et Cosumar. Pour cette dernière, le problème du devenir du cadre réglementaire du système de subvention pourrait représenter un éventuel écueil dans les négociations. Encore que le top management de SNI appelle à un effort de pédagogie et élude toute difficulté. En effet, une éventuelle baisse des subventions serait vraissemblablement neutre pour Cosumar, puisque le sucre reste un produit à très faible élasticité. Toujours est-il que le contrat programme du secteur sucrier est en cours de discussion... Pour Sotherma, les choses paraissent plus simples, même si SNI se dit ouverte à toutes les opportunités et surtout à toutes les configurations. Ainsi, le holding peut aussi bien envisager de céder ses parts à Danone, qui est déjà présent dans le tour de table, comme de reprendre les parts dudit groupe pour revendre le tout ensuite ou même céder une partie à un repreneur et une autre en Bourse. Enfin, pour Attijariwafa bank, la configuration est fondamentalement différente, puisque SNI n'envisage pas de cession totale et devrait garder une participation cible de 30%. L'opération de cession porterait donc sur une partie du capital comprise entre 15 et 20%, en prenant en compte la récente augmentation de capital. Les moyens d'investir Par ailleurs, il convient de rappeler que SNI a pris l'engagement de mettre la Bourse dans la gouvernance des sociétés cédées en destinant une partie du capital au marché boursier. C'est le cas pour Lesieur Cristal et Centrale Laitière et ce le sera très probablement pour Cosumar, mais pas pour Bimo désormais détenue à 100% par Kraft Foods. En tout cas, après les aspects stratégiques, l'élargissement du flottant s'annonce comme une des grandes priorités de 2013. En attendant, le top management de SNI explique que le fruit de ces cessions servira d'abords à réduire l'endettement qui a résulté de l'OPR qui a précédé la fusion ONA-SNI. Cela servira aussi à répondre aux besoins de financement des filiales dans des secteurs comme les télécoms, les énergies, et dans une moindre mesure la distribution, qui devront opérer d'importants investissements dans le court et moyen termes. En tout cas, du côté du holding, on conclut en rappelant que «la vocation de SNI est d'investir». Dixit Je suis ravi d'assiter au démarrage d'une nouvelle phase de développement de BIMO dans une dynamique de croissance du marché marocain. Pendant des années, Kraft Foods et la SNI ont mené un partenariat solide et fructueux à travers leur association dans Bimo. Aujourd'hui, cette transaction reflète nos stratégies respectives. Je suis très enthousiaste pour les perspectives commerciales dans la région du Moyen-Orient et Afrique en général, et au Maroc en particulier. Cet accord permettra de renforcer notre position de puissance mondiale du snacking, non seulement à l'international, mais aussi dans cette région. Lawrence MacDougall, Président de KRAFT FOODS Moyen-Orient & Afrique. Les détails du deal Aux termes du contrat conclu avec Kraft Foods, SNI devrait céder sa participation de 50% dans Bimo. L'opération s'est conclue sur la base d'une valeur de fonds propres de 100% de la société de 2,62 milliards de dirhams, valorisant ainsi la participation de SNI à 1,31 milliards de dirhams. Il y a lieu de noter que cette valorisation s'est faite sur la base de la trésorerie nette de la société au 31 décembre 2011. Aussi, cette valeur de fonds propres sera ajustée à la date de réalisation de la transaction, afin de tenir compte de la trésorerie nette et du besoin en fonds de roulement de la société à cette date. En outre, il convient de signaler que le multiple d'EBITDA pris comme référence pour le prix est supérieur à 14, sachant que les comparables s'inscrivent dans une fourchette comprise entre 0 et 10. C'est dire que SNI a obtenu un très bon prix pour ses parts, surtout au vu du contexte conjoncturel.