Hassan Bouhemou quitte la Société nationale d'investissement (SNI). La décision devrait être entérinée lors du Conseil d'administration qui se tiendra dans quelques jours. Le changement à la tête du groupe ne devrait pas impacter les orientations stratégiques de la holding. Après 13 ans à la tête de la Société nationale d'investissement (SNI), Hassan Bouhemou s'en va. L'information a été relayée en boucle par plusieurs sites d'information avant qu'elle ne soit confirmée par Bouhemou, en personne. La décision devrait être entérinée par le Conseil d'administration qui se tiendra dans quelques jours. Les motifs de ce changement à la tête du premier groupe privé au Maroc demeurent inconnus. Toujours est-il qu'Hassan Bouhemou aurait accompli sa mission en mettant la SNI sur la bonne voie. Réorganisation Lauréat de l'Ecole des mines de Paris puis de Polytechnique, Hassan Bouhemou a été l'artisan de la nouvelle configuration de SNI qui a absorbé l'autre mastodonte ONA par un jeu de rotation de participations dans une opération de fusion-absorption jamais vue au Maroc. À travers cette réorganisation, les deux entités ont dépassé la vocation de Groupe multi-métiers au profit de holdings d'investissements professionnels. Un changement de positionnement qui s'est traduit par deux conséquences : l'évolution du mode de gouvernance via le passage d'une gestion opérationnelle directe à un pilotage stratégique par le biais des organes de gouvernance et la réduction progressive du périmètre d'intervention à travers la cession sur le marché boursier du contrôle des sociétés autonomisées, notamment Cosumar, Lesieur Cristal, Centrale Laitière et BIMO en vue de se concentrer sur les filiales en phase de développement et nécessitant un soutien managérial et financier. Sur le plan organisationnel, le regroupement au sein d'une même entité devrait résoudre certaines problématiques, liées notamment au contrôle capitalistique des filiales. Cette mesure s'inscrirait dans le cadre de l'optimisation du portefeuille des participations à travers un désengagement partiel des filiales les plus développées en vue de libérer d'importants cashs que le nouvel ensemble pourrait réinvestir dans des créneaux porteurs. La holding pourrait bénéficier tant de l'assise financière de SNI dans le cadre du nouvel ensemble réuni que des fonds à dégager suite à la cession du contrôle dans les participations les plus pérennes. Et maintenant... Le changement à la tête de la holding ne se traduira pas par un changement de cap car les lignes directrices de la gestion de SNI ont été tracées depuis des années. Ainsi, après Lesieur Cristal, Centrale Laitière et Bimo, le tour de Sotherma et d'Attijariwafa bank viendra certainement. À priori, les choses paraissent simples pour Sotherma dont l'opération n'est qu'une histoire de temps. Tandis que pour Attijariwafa bank, la configuration est fondamentalement différente, puisque SNI n'envisage pas de cession totale et devrait garder une participation cible de 30%. L'opération de cession porterait donc sur une partie du capital comprise entre 15 et 20%, en prenant en compte la récente augmentation de capital. Par ailleurs, il convient de rappeler que SNI a pris l'engagement de mettre la Bourse dans la gouvernance des sociétés cédées en destinant une partie du capital au marché boursier. C'est le cas pour Lesieur Cristal et Centrale Laitière, mais pas pour Bimo désormais détenue à 100% par Kraft Foods. Après les aspects stratégiques, l'élargissement du flottant s'annonce comme une des grandes priorités. En attendant, le top management de SNI explique que le fruit de ces cessions servira d'abord à réduire l'endettement ayant résulté de l'OPR qui a précédé la fusion ONA-SNI. Cela servira aussi à répondre aux besoins de financement des filiales dans des secteurs comme les télécoms, les énergies et dans une moindre mesure la distribution, lesquels secteurs devront opérer d'importants investissements dans le court et moyen termes. À nouvel homme, nouvelle politique ? De sources recoupées, c'est Hassan Ouriagli qui prendrait les rênes du holding. Celui qui succédera à Hassan Bouhemou n'arrive pas en terre inconnue. Il n'est autre que l'actuel patron d'Optorg, filiale de la SNI. Le nouveau patron de SNI -si le Conseil d'administration prévu dans quelques jours le confirme- connaît donc très bien la maison. Diplômé de l'Ecole polytechnique de Paris et de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, il a rejoint la SNI, en avril 2003, en tant que directeur attaché à la présidence, chargé des participations financières. Mais avant d'atterrir à la holding, Hassan Ouriagli a bien fourbi ses armes en France chez Cap Gemini Ernst & Young. À l'ONA, il avait, depuis 2004, la mission de gérer la filiale du groupe Mercure. Mission qu'elle a occupée en parallèle de sa participation à la direction générale collégiale du groupe, décrétée en 2004 après le départ à la retraite de Guy Motais.