Saïd Bourarache était un père de famille marocain tranquille et sans problème. En mars 2010, il perd la vie près de son lieu de travail après avoir été agressé par 6 personnes. Trois ans après sa mort, l'affaire piétine. Entre temps, ses meurtriers présumés ont été libérés après n'avoir passé que quatre mois en prison. Le 30 mars dernier, cela faisait trois ans que Saïd Bourarache est mort. Agé de 35 ans, ce Marocain, originaire de Berkane, travaillait à Bobigny comme maître chien dans un magasin de bricolage. Marié, il était également père de deux enfants. Son salaire lui permettait également de subvenir aux besoins de sa famille au Maroc. Cependant, fin mars 2010, le corps du Marocain est retrouvé sans vie, après avoir été agressé par 6 personnes la veille. Une affaire qui, au fil des années, tombe aux oubliettes et qui n'intéresse plus les médias français. Ainsi pour rafraichir la mémoire des médias et rappeler ce qui s'est passé le soir du 30 mars 2010, le collectif Vérité et Justice pour Saïd Bourarache, a mis en ligne, le 6 avril dernier, sur Daily Motion, un reportage (cf vidéo) rappelant les circonstances de sa mort et donnant la parole à son épouse. Un film réalisé par Mourad Boudabbouz et Gamal Abina, deux militants associatifs contre le racisme et l'islamophobie. Attaqué par 6 hommes 30 mars 2010. Il est 19h10 et le magasin de bricolage dans lequel travaille Saïd ferme. Un couple arrive devant le magasin et veut y entrer pour y acheter de la peinture et des pinceaux. Le gardien marocain refuse de les laisser entrer, les invitant à revenir le lendemain. L'homme du couple se met en colère. Des injures et des coups sont échangés. L'homme menace l'agent de sécurité. Deux témoins l'ont même entendus dire «On va te tuer (…) on va revenir tout cassé». Le client part et revient 5 minutes plus tard avec du renfort, composé de cinq hommes, dont certains sont de sa famille. Ils commencent à s'attaquer au Marocain. Ce dernier leur lance du gaz lacrymogène et lâche son chien sur ses agresseurs. Paniqués, les employés restés à l'intérieur font entrer Saïd Bourarache dans le magasin pour qu'il y soit en sécurité. Néanmoins, voyant que la bande s'attaque désormais à son chien, il ressort et décide de protéger son animal. Sous les coups de ses agresseurs, Saïd prend la fuite vers le canal qui longe le magasin. La bande le suit. C'est la dernière fois que les employés du magasin voient leur collègue vivant. Le corps de l'agent de sécurité est retrouvé dans le canal le lendemain. L'autopsie révèle que Saïd Bourarache s'est noyé dans les eaux du canal alors qu'il était un très bon nageur. Son épouse dira même à la presse : «Mon mari est venu clandestinement en Europe par la mer, à l'aide d'une barque. Le passeur l'avait déposé à 300 mètres des côtes espagnoles. Il savait très bien nager et n'a pas pu se noyer seul dans le canal de l'Ourcq, qui fait à peine 5 mètres de large.» De leur côté, les agresseurs nient l'avoir noyé et tué. Le crime raciste n'est pas retenu Près de deux mois après la mort du maître chien, le journal français Libération s'intéresse de près à la mort de Saïd Bourarache en menant une enquête dans le 93. Le quotidien révèle que ses agresseurs sont de confession juive. Le principal mis en cause est connu des services de police. Les enquêteurs ont également trouvé des traces de l'engagement des agresseurs chez la Ligue de Défense Juive remontant à 2008. Cependant, «il semble que leur engagement à la LDJ se soit cantonné à de simples paroles», souligne Libération. De son côté, la procureure de la République de Bobigny en charge de l'affaire avait décidé de ne pas retenir la «connotation raciste ou religieuse» dans l'affaire. Au désespoir des associations musulmanes qui elles, sont sûres que si Saïd Bourarache a été tué, c'est parce qu'il était avant tout arabe. «Saïd a été victime d'un crime raciste odieux. Dan L [le principal accusé]. s'est défendu de ses actes en mentionnant que Saïd lui avait interdit l'entrée de Batkor au motif qu'il était juif. Un point fermement démenti par les témoins présents. Saïd n'était pas un dur, c'était un père de famille au passé irréprochable. Cela prouve que Dan L. véhicule l'inadmissible préjugé comme quoi les Arabes seraient antisémites» avait déclaré en 2010 M'hammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis. Les agresseurs ont été libérés Où en est aujourd'hui l'affaire, trois ans après la mort de Saïd Bourarache ? L'affaire piétine. Elle est toujours en instruction. C'est le flou total. Et la première qui est dans le flou, c'est l'épouse de Saïd Bourarache. «J'attends un peu plus de la justice !», lâche-t-elle dans le film. Nathalie Bourarache explique également que les six accusés ont été libérés par la justice après n'avoir passé que 4 mois de prison. «Quatre mois de préventive pour un meurtre, je trouve cela vraiment léger», déplore-t-elle. Elle espère qu'avec de nouveaux soutiens récents provenant d'associations contre la haine et l'islamophobie, l'affaire pourra reprendre son cours. Cependant dans cette affaire, que fait-il dénoncer ? La lenteur de la justice française ou le fait qu'elle n'ait pas relevé le caractère raciste de la mort de Saïd Bourarache. Où sont les autorités marocaines pour faire pression sur la justice française afin de faire avancer cette affaire où un citoyen marocain est mort en France ? Malheureusement, elles sont absentes. Elles auraient pu profiter de l'occasion de la visite du Président Hollande au Maroc pour lui parler de cette affaire. Encore une occasion ratée pour le Maroc de montrer son intérêt pour ses MRE. Les Français, eux, n'avaient pas hésiter à mettre la pression sur le Maroc, pour que le royaume rende à Coralie Eugène , son petit garçon Enzo, kidnappé par son père au Maroc et ce quelques jours avant la visite d'Hollande au Maroc.