J-1 avant l'arrivée du président français au Maroc, pour une visite officielle de deux jours. Certains résidents français au royaume, s'opposant au mariage gay en France, sont bien décidés à dire à François Hollande ce qu'ils pensent de ce projet de loi, un projet qui faisait partie de ses engagements de campagne avant son élection. «Touche pas au mariage, occupe-toi du chômage», «Tous nés d'un homme et d'une femme» ou «Croyants, non croyants, peu importe la confession, 1 père + 1 mère pour la filiation», sont là quelques un des slogans du collectif français «La Manif pour tous» crée en 2012 juste après le début du débat sur le projet de loi dite du «Mariage pour tous» en France. «La Manif pour tous» est un collectif qui s'oppose à la légalisation du mariage homosexuel. «Ce projet vise à permettre le mariage et donc l'adoption aux couples homosexuels ce qui leur ouvrira directement par le biais des institutions européennes le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) et à la Gestation pour autrui (GPA).», explique le collectif via un communiqué de presse envoyé à la rédaction de Yabiladi. «Si ce projet passe, il va profondément déstructurer la société française en mercantilisant l'enfant à naitre et en niant l'altérité et la complémentarité "Père–Mère"», poursuit-il. Après avoir mené des actions en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Israël, ou dans quelques pays africains, le collectif débarque au Maroc. Une dizaine de Français résidant au Maroc ont décidé, fin mars dernier, de se regrouper à Casablanca sous le nom de «La Manif pour tous au Maroc». «Aujourd'hui nous sommes une cinquantaine de personnes dans ce collectif à Casablanca. On commence à avoir de plus en plus de franco-marocains qui se joignent à nous et qui se sentent concernés par cette loi», affirme Hugues, l'un des représentants du collectif à Casablanca. Lui, vit au Maroc depuis 12 ans. En rose et en bleu La création de ce collectif ne s'est pas faite par hasard. Elle est intervenue quelques jours avant l'arrivée du Président français au Maroc, une arrivée prévue demain mercredi 3 avril. Une véritable aubaine pour ces Français qui souhaitent faire entendre leur voix, à celui qui avait fait du mariage gay, l'un de ses engagements de campagne présidentielle. «Nous ne prévoyons pas de manifestation dans l'espace public marocain. Les actions que nous allons mener sont seulement d'ordre privé», signale Hugues. Des actions qui sont également dans l'ordre du symbolique. La première action est d'inviter toutes les personnes qui sont contre le projet de loi du mariage gay en France, à se prendre en photo, habillés en rose et bleu (couleur symbolisant la mère et le père), avec l'une des affiches du collectif, dans un endroit au Maroc, et de poster cette photo sur la page Facebook du collectif au Maroc. Ensuite, une dizaine de Français résident au Maroc ont été invités par l'ambassade française à rencontrer le Président français lors d'une réception officielle. Hugues en fait partie. Certains d'entre eux, sont contre le projet de loi et compte le faire savoir directement au Président en lui remettant une lettre et en arborant un vêtement ou une cravate en rose et en bleu. Et les Marocains dans tout ça ? Néanmoins, face au combat que mène actuellement le collectif «La Manif pour tous» pour ne pas autoriser le mariage gay en France, on ne peut s'empêcher de se demander en quoi ce débat peut concerner réellement les Marocains. Il s'agit avant tout d'un débat franco-français. Antoine, coordinateur du pôle mobilisation internationale du collectif à Paris n'est pas du même avis. Pour lui, ce débat concerne aussi directement les Marocains. «Le risque est évident : un enfant musulman pourrait être adopté par une paire d'homosexuels "mariés" si jamais la loi passait. Tout enfant marocain pourrait donc, de fil en aiguille, être frappé par cette menace et privé d'un père ou d'une mère au delà des accidents de la vie.», explique-t-il. «D'autre part, dans toute la pédagogie à la française et notamment les liens culturels, sous couvert de lutte contre l'homophobie seraient diffusés des messages et propos contraires aux principes naturels et donc, notamment, à la loi islamique et/ou à la loi marocaine.», conclut-il.