La justice espagnole a disculpé la Guardia civile dans l'accident survenue près de l'île Lanzarote, dans les Canaries entre un patrouilleur espagnol et une barque remplie de migrants Marocains. Le syndicat ODT-travailleurs immigrés condamne cette décision et appelle à une réaction plus ferme du Maroc. «Le gouvernement marocain est trop complaisant», accuse Marcel Amyeto, secrétaire général de l'ODT-travailleurs immigrés, syndicat marocain. Dans un communiqué rendu public aujourd'hui, lundi 18 mars, il réagit au silence du Maroc face à la décision de la justice espagnole, mercredi dernier, de disculper totalement la Guardia civil dans l'accident de la «patera de Lanzarote», aux îles Canaries. «L'Organisation Démocratique du Travail et l'Organisation Démocratique des Travailleurs Immigrés au Maroc [demande] que soit élucidé cet incident tragique et invite le gouvernement marocain à prendre toutes ses responsabilités dans cette affaire […] pour qu'une enquête soit ouverte afin d'en déterminer les responsabilités», annonce le communiqué du syndicat. L'Espagne disculpe la guardia civile Le 13 décembre dernier, alors que 25 Marocains de Sidi Ifni tentaient de rejoindre l'île de Lanzarote dans une barque, un patrouilleur de la garde civile espagnole leur était rentré dedans, faisant couler l'embarcation et provoquant la mort de 8 Marocains. Pour la juge espagnole qui a examiné l'affaire, Ángela López-Yuste, l'homme qui pilotait la patera, le jour du naufrage est le seul et unique responsable du drame. Le pilote a «fait deux manœuvres de virage à droite, en plus d'avoir lâché le volant, croisant ainsi la trajectoire du patrouilleur de la Guardia Civil, qui n'a rien pu faire pour éviter la collision». Pourtant une vidéo avait été rendue publique par les médias espagnols quelques jours plus tôt montrait explicitement que le patrouilleur espagnol n'avait pas évité la petite barque. Suite à sa diffusion, l'ambassadeur d'Espagne au Maroc a même été convoqué, jeudi 14 mars, par le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. Il lui a été demandé de fournir toutes les informations récentes en rapport avec cet incident. L'ambassadeur espagnol mettra ainsi à disposition du Maroc «tous les documents et informations en rapport avec cette question sensible», rapporte la MAP. Le roi intervient Cette vive réaction serait venue du roi lui-même. «Le ministère informe l'opinion publique nationale de l'intérêt personnel que […] le roi, et le gouvernement marocain portent à cette question sensible et au drame humain qui en a résulté.» «Convoquer ne suffit pas, lance Pascal Amyeto, nous n'avons pas vu de communiqué officiel qui condamne la garde civile espagnole ou annonce l'ouverture d'une enquête marocaine.» Aujourd'hui, le syndicat demande également à l'Espagne d'indemniser les 17 survivants du naufrage. Suite à leur interception violente en mer, ils avaient été récupérés par la garde civile et incarcérés dans le centre de rétention pour étrangers (CIE) de Barranco Seco, à l'île de Grande Canarie.