Entre Sidi Ifni et les Iles Canaries, un différend est né sur les conditions du naufrage d'une patera à bord de laquelle se trouvaient 25 candidats à l'immigration illégale, dont au moins deux mineurs. Le samedi 15 décembre vers deux heures du matin, un patrouilleur de la Guardia Civil aurait volontairement percuté une embarcation d'immigrés clandestins, tous originaires de Sidi Ifni. C'est du moins la version des familles des Marocains à laquelle les autorités de Las Palmas opposent, bien entendu, un autre son cloche. La délégation du gouvernement, relevant du ministère espagnol de l'Intérieur, parle uniquement de «collusion» due à une «avarie technique dans l'un des moteurs» qui aurait empêché le petit bateau d'éviter la patera. A Sidi Ifni, les proches des occupants de la patera, ne sont pas convaincus par cette lecture des faits et réclament que toute la lumière soit faite sur cet incident. «Lequel a coûté la vie au jeune Boulid, 22 ans, alors que sept personnes sont toujours portées disparues et les blessés sont soignés dans un hôpital de Lanzarote. Quant aux deux ou trois mineurs, ils ont été transférés dans un centre spécialisé», nous indiquent Samir Lamhandi, le président de la section AMDH de Sidi Ifni, sur la base de témoignages recueillis auprès des familles des immigrés. Le maire de Sidi Ifni demande une investigation Profitant d'un déplacement à Las Palmas dans le cadre de journées entrepreneuriales, Mohamed El Ouahdani, le président du conseil municipal de Sidi Ifni a soulevé cette question. Dans des déclarations à la presse locale, et sur un ton modéré, il a demandé «la vérité sur ce qui s'est passé» : «nous réclamons une investigation afin de déterminer les causes exactes de cet incident». Et d'ajouter que «la majorité des habitants de sidi Ifni sont du même avis. C'est pour cela que nous voulons savoir la vérité pour les familles des victimes et pour la population». El Ouahdani a, par ailleurs, insisté sur la poursuite des recherches en vue de «récupérer les cadavres des sept disparus». Pour le moment, c'est la mairie de cette petite ville qui tente de bousculer les autorités des Iles Canaries. Le gouvernement marocain ou le ministère des Affaires étrangères observent un silence sur cette affaire. Des sources à Sidi Ifni nous ont confié que le député Mohamed Aissam, du PJD, s'est dit disposé à adresser une lettre à Saâd Dine El Otmani sollicitant son intervention pour se charger de l'opération de rapatriement des corps. En attendant un dénouement de cette affaire, les familles sont en attente de nouvelles en provenance des Iles Canaries. C'est l'expectative à Sidi Ifni.