, écrivaine et chroniqueuse régulière au journal l'Economiste, s'est vue refuser la publication de la tribune que nous vous proposons aujourd'hui sur notre site. Dans cette chronique un rappel est fait sur les valeurs universelles qui selon Mouna Hachim, péréclitent au gré de la crise et des intérêts particuliers, un cri de colère qui ne semble pas être du goût des éditorialistes de l'Economiste. Sur son compte Facebook, Mouna Hachim précise que le refus de cette tribune signe de facto la fin de la collaboration avec l'Economiste. Quand un Indigné, pourfendeur de l'injustice faite au peuple palestinien est lâchement critiqué pour cet engagement par les prétendus défenseurs de la liberté et des droits de l'Homme. Quand les guerres de conquête prédatrices sont présentées comme des actes humanitaires et les victimes civiles et saccages de biens civilisationnels millénaires, des dégâts collatéraux. Quand on dit combattre le terrorisme et qu'on s'acoquine avec ses financiers, jouant les apprentis sorciers. Quand l'intolérable famine côtoie la surbouffe et que les budgets militaires sont indécemment supérieurs au budget consacré à nourrir le monde. Quand ceux qui ont la chance de manger ne savent plus ce qu'on met dans leurs plats. Quand quasiment tout est privatisé, ressources biologiques et organismes vivants. Quand les dérives ultralibérales sont tragiquement payées par ses propres victimes. Quand les diktats prennent toutes les figures possibles dont celles des politiques économiques qui imposent leurs volontés aux parlements nationaux. Quand la remise en question d'une doxa réputée infaillible peut se mouvoir en chasse aux sorcières avec pour autre épouvantail: théorie du complot !!!... Tant de raisons de revisiter les valeurs en cette époque de toutes les crises dont la plus importante reste sans doute une crise morale et perte de confiance de citoyens du monde, soumis globalement aux mêmes vicissitudes, en un système dont les maîtres mots sont le calcul et l'intérêt. Fracas économico-social et crises systémiques dangereuses pour les démocraties libérales, révolutions dans les pays «arabes» et incertitudes sur leur issue, guerres qui se prolongent et se préparent... Désenchantement d'un monde à une époque où il faut oser crier «Indignez-vous !» et secouer les consciences plongées dans une sorte de fatalité. Mais que sont devenues ces valeurs avec lesquelles certains jouent au point de les inverser, salissant les idéalistes, transformant les bourreaux en victimes, les guerres en opérations de bienfaisance, l'argent en valeur sacrée... Où sont ces groupes autrefois porteurs de nobles idéaux et qui ont failli aujourd'hui à leurs responsabilités historiques ne gardant que les slogans? Comment définissent Al-Akhlaq ceux qui en font référence, en restant fixés sur le corps, sur la femme et sur le sexe, paravent pour cacher l'incompétence devant la corruption, l'injustice, l'inégalité, le favoritisme, l'impunité...si ce n'est, la totale compromission. Comment ne pas observer ce décalage criard entre le discours moralisateur et la réalité sociale parfois dans la schizophrénie et incontestable hypocrisie. Un simple regard est significatif, dans nos sociétés d'apparence parées de toutes les vertus, sur les chiffres relatifs à la vente d'alcool, aux maladies sexuellement transmissibles, abandons de nourrissons, viols de mineurs... Mais de quelle morale parle-t-on? Par ailleurs, on peut comme toutes les sociétés, arguer de valeurs spécifiques et même les défendre au nom de l'identité et du droit à la différence. Mais elles ne peuvent bafouer les valeurs universelles arborées dans nos enseignements sacrés. Un message à l'intention de ceux qui prétendent s'en revendiquer en s'éloignant de sentences clairement émises dans le Coran et s'attachant aux chaines d'interprétations rigoristes de hadiths même apocryphes pour certains, se soldant par des fatwas amorales par leur barbarie ou indécente extravagance, à la grande joie des ennemis de l'islam, les extrêmes ayant tendance à se retrouver. Liberté, de se couvrir ou de se dévoiler, de croire ou de ne pas croire, de pratiquer librement ses croyances ou de ne pas pratiquer, d'avoir ou pas le choix... «Quiconque le veut qu'il croie, quiconque le veut qu'il mécroie», lit-on dans le Coran. Le seul juge est Dieu qui promet le châtiment le jour du Jugement. Alors comment Lui disputer, ici par la violence, les dons d'ubiquité et d'omniscience? Al-Imane (la foi, la croyance) ne relève-t-il pas strictement de l'ordre de l'intériorité, tissant un lien entre le Créateur et l'homme, encore plus intime que celui de «Habl-Al-warid» et veine jugulaire, défiant ainsi toute tentative d'interposition? Les cinq piliers de l'Islam ne sont-ils pas fondés d'abord sur la Niya ; Œuvre du cœur, révélatrice en puissance de la place de l'intention personnelle, car «nulle contrainte en religion». Ceux qui disent le contraire se mettent eux-mêmes en marge des enseignements et valeurs de l'islam surtout quand ils veulent imposer un système qui combat la diversité, brime le débat, quadrille la pensée et la société, à des années-lumières de la conception de la Cité telle qu'émise par le Prophète lui-même dans la Constitution de Médine, et de la convention universelle des droits de l'Hommes réunies. De quelles valeurs parlent-on en effet: idéologiques, politiques, religieuses, spirituelles, personnelles, socio-culturelles...? Celles qui naissent de moments de tribulations ou celles éternelles qui traversent le temps? Celles basées sur le respect, la dignité, la compassion, la miséricorde, la tolérance, la charité, la fraternité, l'universalité... ou celles qui en sont l'antithèse? Celles qui aspirent au bonheur profond ou celles qui flattent les plaisirs factices? Les normes de conduite ouvertement personnelles, celles reçues en héritage ou celles nées de la société de consommation? Dans ce monde en ébullition où tout se vend surtout l'illusion, comment forger son éthique personnelle, loin de toute manipulation. Une quête de la vérité loin de l'effet mouton dont un homme comme Ali ibn Abi Talib disait: "On ne connait pas la vérité par les hommes, mais connais donc la vérité, et tu connaitras ses gens.". *Dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, publié en 1967, l'écrivain français reprend et réactualise le mythe de Robison Crusoé de Daniel Dufoe, inspiré lui-même probablement du conte philosophique Hay Ibn Yakdan d'Ibn Tufayl... Car le thème permet d'illustrer magistralement une conception de l'homme livré à lui-même, le sens de l'existence, les systèmes de valeurs coupant les ponts avec les références des compatriotes et entamant un changement de toute la structure psychique qui constitue le rapport à autrui et à soi au point de faire rester le personnage sur son île Speranza.