Khadija Rouissi estime que la nouvelle Constitution doit absolument prévoir la liberté de culte et la liberté de la croyance. ALM : Le PJD menace de voter contre la nouvelle Constitution si elle prévoit la liberté de croyance. Comment réagissez-vous à cela ? Khadija Rouissi : l'Islam prône la liberté et la responsabilité. Si on a confiance dans les valeurs de l'Islam on ne doit pas craindre pour cette religion. Abdelilah Benkirane affirme que la liberté de croyance pourrait avoir des conséquences néfastes sur l'identité islamique du Maroc. Le fait d'avancer de tels propos revient à dire que l'Islam est menacé, et ce n'est pas le cas. L'Islam prône les valeurs de miséricorde et de justice et le musulman est libre et responsable. Bien évidemment, nous sommes pour le maintien de l'institution du «Commandeur des croyants» qui constitue une garantie contre l'extrémisme religieux. La libéralisation de la gestion du champ religieux ouvrira les portes aux groupuscules extrémistes qui appellent à la violence. Mais, nous croyons que la nouvelle Constitution doit absolument prévoir la liberté de conscience et de croyance. Que dit la religion musulmane à propos de cette question ? L'homme adulte choisit en toute liberté ses croyances. On ne peut pas imposer aux hommes et aux femmes une certaine religion. Le Saint Coran est clair dans ce sens. «Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement», (Sourate al-Baqara, 256). «Quiconque le veut, qu'il croie, et quiconque le veut qu'il mécroie» (Sourate Al-Kahf, 26). Ma question est pourquoi Benkirane avance que la liberté de conscience et de croyance est contraire aux valeurs de l'Islam ? Que cherche Abdelilah Benkirane à travers cette sortie médiatique ? En fait, ces gens utilisent la religion pour s'en prendre à toute idée innovatrice et moderniste conforme aux valeurs et principes des droits de l'Homme, ni plus ni moins. Dans toute société, plus l'être humain est libre plus sa croyance est juste, alors que la contrainte favorise l'hypocrisie. En plus, toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ce qui constitue un droit fondamental auquel on n'est pas censé apporter une limitation.