Les victoires diplomatiques marocaines ont entrainé des conséquences économiques pour la population algérienne. Alger a fait le choix de restreindre les échanges économiques avec certains pays ayant une position favorable au Sahara marocain. Comme pour l'Espagne après son soutien au plan d'autonomie au Sahara, l'Algérie fait payer à la France sa reconnaissance de la marocanité du Sahara. Les exportations françaises vers l'Algérie, autrefois florissantes, ont connu une chute significative, conséquence directe des tensions diplomatiques persistantes entre les deux pays. En 2022, la France fournissait encore 14 % des besoins agroalimentaires de l'Algérie, représentant un marché de 1,3 milliard d'euros. Cependant, fin 2023, ce chiffre a été réduit de moitié, atteignant 628 millions d'euros, et la tendance pour 2024 est encore plus préoccupante. Le secteur des céréales est particulièrement touché, avec une baisse drastique des exportations de blé français vers l'Algérie. Autrefois un fournisseur clé, la France a vu ses volumes s'effondrer, passant de 5,4 millions de tonnes exportées en 2018 à seulement 608 000 tonnes en 2023. La tendance ne semble pas s'inverser, et d'ici 2025, les exportations françaises de blé vers l'Algérie pourraient être réduites à néant. La crise franco-algérienne jusque dans l'assiette… ➡️ Retrouvez la chronique en absurdie d'@emma_ducros du lundi au jeudi à 8h45 sur #Europe1 pic.twitter.com/ORq2neCEmW — Europe 1 (@Europe1) February 12, 2025 Cette exclusion progressive ne touche pas seulement les céréales. La filière bovine, un secteur important pour les échanges franco-algériens, subit le même sort. En 2022, la France exportait encore pour 167 millions d'euros de bovins vivants vers l'Algérie. Un an plus tard, ce chiffre était divisé par deux, tombant à 73 millions d'euros, et les perspectives pour 2024 sont quasiment nulles. Le secteur laitier, qui avait jusqu'ici mieux résisté, est également touché. Si la France exportait encore pour 266 millions d'euros de produits laitiers vers l'Algérie en 2023, la chute a été brutale en 2024, avec une baisse de 25 % des volumes entre janvier et novembre. Les sanctions économiques pour les intérêts du Polisario Derrière cette chute vertigineuse, les raisons sont avant tout politiques. En juillet 2024, les relations entre Paris et Alger ont atteint un nouveau point de crispation avec la lettre d'Emmanuel Macron au roi du Maroc, évoquant "une autonomie sous souveraineté marocaine" du Sahara occidental. Un tournant majeur pour l'Algérie, qui a réagi en catimini en renforçant ses restrictions commerciales envers la France. Autrefois ultra-dépendante du blé français, Alger se tourne désormais vers de nouveaux fournisseurs. Aujourd'hui, 80 % à 90 % de son blé provient de la mer Noire, essentiellement de Russie. Pour faciliter cette transition, Alger a même modifié son cahier des charges, assouplissant les critères de qualité, une mesure qui a de facto exclu la France du marché. Outre les restrictions sur les produits eux-mêmes, les industriels français doivent aussi faire face à des tracasseries administratives. Les entreprises françaises se plaignent régulièrement de blocages arbitraires. Certains certificats douaniers, indispensables pour importer des matières premières en Algérie, deviennent inaccessibles du jour au lendemain. Les nouvelles exigences en matière de certifications halal, désormais sous le contrôle exclusif de la Grande Mosquée de Paris et des autorités algériennes, compliquent encore davantage la situation. Des produits comme le lait, les biscuits ou encore les préparations pour bébé sont directement impactés.