C'est un Zakaria Moumni indestructible et indémontable qui est remonté sur le ring, vendredi dernier à Paris. Après un an d'entraînement intensif entre Paris et l'Angleterre, le boxeur marocain n'avait qu'un désir : remonter sur le ring et montrer aux Marocains qu'il est toujours vivant et prêt à se battre pour retrouver son honneur. Zakaria Moumni dans les bras de Mehdi Dilmi, boxeur franco-algérien contre qui il s'est battu lors du gala. Jean Charles Skarbowski, grand champion du monde en boxe thaï et coach de Zakaria Moumni. C'est une bonne paire de claques que Zakaria Moumni vient de donner à ses tortionnaires et personnes qui l'ont envoyé en prison durant 18 mois, de septembre 2010 à février 2012. Le boxeur ayant remporté la médaille d'or de kick-boxing en 99 sous les couleurs du Maroc, est remonté sur le ring vendredi 15 février dernier pour mener un combat, lors du Show Thaï 6, un gala de boxe thaï à Paris, uniquement réservé aux professionnels titrés. Depuis sa sortie de prison il y a un peu plus d'un an, c'est la première fois qu'il remonte sur le ring et combat devant un public. Un combat de guerrier «J'ai ressenti un immense bonheur et une telle fierté de remonter sur le ring. La salle était bondée. Je me suis senti si libre ! Je me suis vraiment fait plaisir», lance-t-il à Yabiladi. Lors de ce match, Zakaria Moumni a combattu contre un grand champion franco-algérien Mehdi Dilmi qui s'entraîne régulièrement en Thaïlande et qui fait des combats depuis 10 ans. «Je n'ai pas eu n'importe qui devant moi ! Mais j'ai fait un combat de malade. Mon adversaire ne voulait pas rentrer en fight. Il se cachait, il tournait autour de moi. Il a dû se dire «je ne vais pas trop m'approcher de lui !», lance-t-il en riant. «Au final, j'ai perdu avec un petit point d'écart. Mais après le match, tout le monde est venu me voir pour me féliciter. Le public criait mon nom. Certains m'ont dit que j'avais mené un véritable combat de guerrier. D'autres qu'ils avaient vu un lion se battre sur le ring. », poursuit-il. Mais à charge de revanche. Le jeune boxeur marocain de 32 ans compte bien se rebattre contre Mehdi Dilmi lors d'un prochain combat. Scènes de torture inoubliables Cependant, Zakaria Moumni confie qu'avant de monter sur le ring, en pleine concentration, il revoyait des images de lui, en train de se faire kidnapper de l'aéroport de Rabat, se faire torturer ou enfermé en prison dans sa petite cellule infestée de cafards. Pour rappel, Zakaria Moumni avait été emprisonné pour une affaire d'escroquerie. Lui, a toujours clamé son innocence affirmant que la véritable raison de son emprisonnement est d'avoir trop dérangé l'entourage royal en réclamant, 10 années durant, un poste au ministère marocain des Sports. Un poste qui lui avait été promis après avoir décroché une médaille d'or en kickboxing en 1999. Malgré ces flash-backs cauchemardesques, il a vaincu ses vieux démons et est remonté sur le ring pour faire ressortir toute cette rage accumulée ces derniers mois et surtout offrir du spectacle au public. Marocain jusqu'au bout Prochaine étape pour le boxeur marocain : participer aux championnats du monde de boxe thaï prévu cet été, dont le lieu n'est pas encore connu. Une participation qu'il va faire toujours en tant que sportif marocain. «Je me battrai toujours pour les couleurs du Maroc. Je ne change pas d'avis et n'en changerai jamais. Ce n'est pas une poignée de gens qui va me faire changer ma nationalité !», conclut-il. En attendant ces championnats, Zakaria Moumni s'entraîne dur au quotidien avec son coach et grand champion du monde, Jean Charles Skarbowski. Il compte également participer à 5 autres galas pour se rôder.