Un détenu marocain âgé de 31 ans a mis fin à ses jours, samedi dans la prison de Crémone. Incarcéré pour soupçons de vol, il a été trouvé sans vie par un agent pénitentiaire, pendu dans sa cellule. Rapporté par Gennarino De Fazio, secrétaire général du syndicat de la police pénitentiaire Uilpa, le drame pourrait s'être produit accidentellement, pendant que le ressortissant tentait une action de protestation. Le syndicat de la police pénitentiaire dans le pays alerte d'ailleurs sur la recrudescence de ces cas. Depuis janvier 2024, le nombre de suicides a atteint 62 chez les pensionnaires des prisons. Ce décompte est issus d'un recoupement «à travers [des] canaux d'information autonomes et indépendants», en coordination avec «RadioCarcere, Ristretti Orizzonti et d'autres associations indépendantes», fait savoir Gennario De Fazio auprès de Cremona Oggi. L'un des autres cas les plus récents de suicide parmi les détenus s'est produit la semaine dernière également, lorsqu'un jeune italien de 27 ans a mis fin à ses jours à Prato. Au début de l'année courante, un ressortissant marocain de 38 ans a été retrouvé mort dans sa cellule, à la prison Poggioreale de Naples. A Crémone, la situation illustre les défis souvent pointés par le personnel du milieu carcéral. Dans cette prison qui compte plus de 500 personnes, près de 300 cas d'automutilation ont été répertoriés en 2023. Cité par Cremona Oggi, le président de la Chambre Criminelle, Micol Parati, a estimé que ces drames étaient prévisibles, au vu de «la situation explosive» dans l'ensemble des prisons, ainsi que des «mesures inadéquates de la part du Gouvernement» pour y répondre. Auprès de la même source, le Sappe, un autre syndicat de la police pénitentiaire, plaide pour «réduire le nombre de délits pour lesquels la prison est prévue» et pour «mettre en œuvre des peines alternatives». Commentant le phénomène du suicide chez les détenus, Alfonso Greco, secrétaire du Sappe en Lombardie, considère que «ces événements, en plus de constituer un échec pour l'Etat, affectent profondément [les] agents qui doivent intervenir». «Il faudrait également davantage de psychologues et de psychiatres, compte tenu de la forte présence de patients souffrant de problèmes psychiatriques», a-t-il ajouté.