Dimanche 9 juin aura marqué un tournant en France, avec l'arrivée du Rassemblement national en tête des élections européennes. Le score historique de 31,47% pour le parti d'extrême droite, suivi de la dissolution de l'Assemblée nationale, présagent un avenir politique qui inquiète notamment des personnalités franco-marocaines. Un scrutin législatif anticipé est prévu les 30 juin et 7 juillet 2024. Alors que le Parlement européen reste dominé par les formations de droite, pour les cinq prochaines années, la France a basculé vers l'extrême droite, avec un vote historique pour le Rassemblement national (RN), désormais en tête des suffrages (31,47%) et 30 sièges au Parlement européen. Dimanche 9 juin au soir, prenant acte de cette Bérézina, le président Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale et à convoquer des législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet 2024. Depuis l'annonce des résultats, des manifestations contre la victoire du parti d'extrême droite se sont déroulées notamment sur la place de la République à Paris. Le rassemblement a appelé à «l'union des gauches» pour contrer la formation de Marine Le Pen. Une clivage politique qui provoque un «vertige» Si les réactions ne sont pas encore nombreuses, certaines personnalités publiques franco-marocaines se sont d'ores et déjà exprimées. Principalement via les réseaux sociaux, elles ont fait part de leur préoccupation pour l'avenir du paysage politique après le scrutin anticipé. Parmi eux, l'islamologue, politologue et enseignant Rachid Benzine a décrit un «vertige». «L'impensable se rapprochait déjà, mais le Président décide d'en accélérer l'imminence. Ce serait "l'esprit des institutions", nous dit-on. On nous demande de nous préparer à "cohabiter" avec le racisme et à accepter la légitimité de ceux qui décident qui est un bon ou un mauvais Français. Ou alors, il faudrait une fois de plus voter utile et soutenir celui qui n'écoute plus que lui-même», a-t-il écrit. En l'espèce, l'universitaire estime que «l'impasse est complète et le hold-up continue». «L'extrême droite nous vole notre pays, et c'est insupportable», a fustigé Rachid Benzine, s'interrogeant sur le réveil de la gauche. «Va-t-elle encore faire campagne en ordre dispersé et contempler le désastre ? Et la société civile ? Va-t-elle regarder en silence les manœuvres d'appareil», a-t-il conclu. Ancien soutien du président Emmanuel Macron, l'humoriste Yassine Belattar a quant à lui fait part de sa déception des conséquences du repli identitaire en France, illustré par le vote historique pour le RN. «Je vais tremper ma plume dans un communautarisme assumé (…) Je l'assume contrairement à tous les journalistes qui nous ont utilisés, nous musulmans, comme sparring-partner pour vendre du papier et faire de l'audimat (…) Je l'assume car votre liberté d'expression est remplacée par une liberté d'agression. Les musulmans de ce pays ont échoué en confiant leurs destins à des partis qui ont gentrifié nos sujets. A confier un sujet aussi important que la Palestine à un parti qui n'a pas su penser aux dommages collatéraux que cela engendrerait dans le pays. Il est désormais certain qu'on ne peut confier les rênes du pays à quelqu'un qui n'a pas connu le Club Dorothée.» Yassine Belattar Un «vote obligatoire» aux élections anticipées Plus loin, Yassine Belattar appelle à un «vote obligatoire» les 30 juin et 7 juillet. «La dissolution est là est nous serons là aussi (…) Si l'abstention ou le vote blanc est ton envie, sors de ma vie. Prenez vos enfants, votre époux, votre épouse, vos parents et vos voisins, mettez-les dans l'isoloir. Notre pays est malade mais pas mort. Je préfère crever que de voir l'extrême droite gagner», a-t-il écrit. Romorantin c'est cette ville du Loir-et-Cher qui vote l'extrême droite à près de 50%. Cette même ville qui a élu pour la première fois un député du Front national en 2022. Romorantin c'est ma ville, celle où je suis née et où j'ai grandi et j'en pleure de honte et de tristesse. pic.twitter.com/tt5wwuss8k — Nassira El Moaddem (@NassiraELM) June 10, 2024 Ciblée précédemment par des attaques et des menaces de l'extrême droite, la journaliste Nassira El Moaddem a pour sa part exprimé son désarroi de voir le RN à la tête de Romorantin, sa ville de naissance. «C'est cette ville du Loir-et-Cher qui vote l'extrême droite à près de 50%. Cette même ville qui a élu pour la première fois un député du Front national en 2022. Romorantin c'est ma ville, celle où je suis née et où j'ai grandi et j'en pleure de honte et de tristesse», a-t-elle écrit.