Se produisant pour la première fois au Maroc, le groupe intergénérationnel de reggae et de rocksteady UB40 a célébré ses 45 ans de musique avec un public conquis. Devant des fans de 7 à 77 ans ayant chanté en chœur, l'ouverture du festival Jazzablanca 2024 (du 6 au 8 juin) a été l'occasion pour la formation britannique de faire son baptême du feu, en brillant de mille feux. En 45 ans de musique, UB40 aura donné plus de 1 200 concerts à travers le monde, enregistré 20 albums en studio, sorti 19 compilations et vendu plus 100 millions de disques. Cette année est marquée par une tournée mondiale et un album (UB45), sorti le 19 avril dernier. Outre les nouvelles chansons, l'opus est composé de certains des plus grands titres ayant fait la célébrité du groupe, réenregistrés avec Matt Doyle qui a pris la relève de Duncan Campbell depuis 2021. A l'occasion du festival Jazzablanca (du 6 au 8 juin 2024), la formation britannique a dévoilé ses sorties d'hier et d'aujourd'hui au public, à Casablanca. En ouverture de cette 17e édition sur la scène Casa Anfa, le groupe de reggae et de rocksteady aura ainsi donné son tout premier concert au Maroc, où il compte de nombreux fans de toutes les générations. Ce sont en effet des jeunes et des moins jeunes qui ont chanté en chœur avec UB40 ses anciennes chansons au succès planétaire, comme «Red Red Wine», «Cherry Oh Baby», «Tyler», «Homely Girl», «Kingston Town», «Food For Thought», ou encore «I'll Be Your Baby Tonight», précédemment interprétée avec Robert Palmer. C'est particulièrement «Can't help falling in love with you» qui aura été le moment fort de cette soirée, clôturée en émotion et en engouement, du côté du public comme des artistes sur scène. Tout en étant une première, l'événement a pris la forme d'un moment de retrouvailles pour UB40, qui a déjà donné plusieurs concerts à travers toute l'Afrique. Membre fondateur du groupe depuis 1978, le chanteur et bassiste Earl Falconer rappelle auprès de Yabiladi que la formation avait «joué dans plusieurs pays ici, en Ouganda, au Kenya, au Zimbabwe, au Nigeria, en Afrique du Sud après l'apartheid et partout ailleurs dans le monde». UB40 au festival Jazzablanca 2024 / Ph. Gwendydd Vaillié - Yabiladi «Nous nous produisons là où les gens veulent que nous soyons pour nous divertir ensemble, mais l'Afrique est incontestablement un endroit très spécial. C'est le berceau de l'humanité, là où la vie a commencé. Nous sommes contents d'être ici et ravis de rencontrer nos fans marocains.» Earl Falconer Chanter pour la paix Célébrant un 45e anniversaire symbolique à plusieurs titres, UB40 a d'ailleurs ouvert le bal avec «Here I am», l'un de ses titres légendaires. Il a été suivi d'une chanson engagée pour la liberté et pour la paix : «Sing Our Own Song». Sorti initialement en 1986, ce single a en effet été écrit sous la forme d'un texte anti-apartheid, incluant le cri de ralliement des partisans de Nelson Mandela en Afrique du Sud, «Amandla Awethu» (le pouvoir est le nôtre). Interprété cette fois-ci par Matt Doyle, il reste une œuvre intemporelle prônant le rôle du collectif dans l'affranchissement. Egalement membre fondateur de UB40, le batteur James Brown a confié à Yabiladi que cette chanson avait en effet été écrite dans le contexte du boycott du régime d'apartheid, avant d'être «adoptée» en Afrique du Sud. «Nous l'avons jouée devant des centaines de milliers de personnes, juste après la libération de Nelson Mandela. Nous nous sommes trouvés à côtoyer une partie de l'Histoire et c'est l'une des expériences les plus inoubliables pour nous. Nous somme chanceux de pouvoir vivre cela», nous a encore dit l'artiste. Revenant sur l'aspect intergénérationnel de cette chanson et de tout le groupe, James Brown confie à notre rédaction que «UB40 semble avoir des fans partout dans le monde». «Je suppose que c'est pour cela que nous existons depuis 45 ans. Nous trouvons continuellement un nouvel endroit où chanter devant un public que nous n'avons jamais rencontré avant et le Maroc est l'un de ces endroits-là», nous a-t-il dit. Jazzablanca 2024 : UB40 fête ses 45 ans en ouverture du festival Ce succès planétaire rejoint l'esprit même du reggae, identité musicale centrale du groupe qui s'inspire des musiques jamaïcaines, mais aussi africaines, en plus de sonorités pop et britanniques, greffées sur ce qui a été reconnu patrimoine de l'humanité depuis 2018. Connecter les personnes à travers la musique Concernant cette dimension universelle du registre de UB40, Earl Falconer nous a déclaré pour sa part : «Beaucoup d'artistes ont contribué à la scène reggae à travers le monde, ce qui en fait une musique jamaïcaine qui a une grande histoire et un héritage mondial. Nous sommes ravis de faire partie de cela.» «La musique est un médium très puissant. Chacun a ses mélodies favorites ou ses rythmes préférés qui le ramène à certains souvenirs, certaines personnes ou certains endroits. Le fait de se connecter aux autres à travers la musique qu'on aime est quelque chose de naturel.» Earl Falconer UB40 au festival Jazzablanca 2024 / Ph. Gwendydd Vaillié Dans ce sens, James Brown estime que «tout le monde peut se reconnaître dans la musique, à sa propre manière, car elle a ce pouvoir de transcender les cultures, les continents, les pays et bien plus que cela». «Elle ne va peut-être pas changer le monde, mais elle permet de faire sentir aux gens qu'ils sont connectés les uns autres. C'est une très belle chose et nous avons beaucoup de chance de faire partie de ce processus ; nous aimons chaque concert», a-t-il ajouté. Concernant l'engouement de se retrouver sur une nouvelle scène mais face à des fans de longue date, le chanteur et guitariste membre fondateur de UB40, Robin Campbell, a confié pour sa part être «impatient de revenir encore» se produire au Maroc.