Régulièrement des championnats d'échecs sont organisés au Maroc, des tournois qui passent inaperçus dans la presse marocaine, faute d'intérêt du public. Le dernier en date est le 4ème Marathon International d'Echecs rapides qui a eu lieu à Rabat samedi dernier. L'occasion de revenir sur cet évènement et d'expliquer pourquoi cette discipline n'est pas encore assez populaire auprès des Marocains. Samedi dernier 19 janvier s'est déroulé discrètement et sans grand bruit, à Rabat, le 4ème Marathon International d'Echecs rapides au Méga Mall de Rabat. Le meilleur joueur marocain joue…pour la France ! «Discrètement» car les échecs ne sont pas une discipline très médiatisée au Maroc. Pourtant, le pays compte une cinquantaine de clubs d'échecs sur tout le territoire. En plus d'avoir une Fédération Royale Marocaine des Echecs, le Maroc a de très bons joueurs d'échecs. Le plus célèbre est Hicham Hamdouchi, la star au Maroc. Le seul Grand Maître d'échecs marocain. «Il est le meilleur joueur africain et arabe de tous les temps», précise Youssef Iraqui, directeur du Marathon, contacté par Yabiladi. Malheureusement, échec et mat pour le Maroc, Hicham Hamdouchi ne joue plus aujourd'hui pour les couleurs marocaines mais pour la France et ce, depuis 2009. Car comme de nombreux sportifs, Hamdouchi a dû s'exiler dans un autre pays afin de booster sa carrière et s'éloigner des querelles internes et problèmes de gouvernance qui plombent la Fédération des Echecs. Néanmoins, le royaume ne s'est pas vidé de tous ces bons joueurs. Mokhlis El Adnani ou encore Ali Sebbar, font partie des espoirs marocains. La spécificité du tournoi de samedi est que les parties d'échec n'ont duré que 5 minutes contrairement aux longues heures que peut durer une partie normale. C'est ce qu'on appelle le «Blitz». «Les coups sont joués plus rapidement et plus vite. L'idée de ce tournoi est de rendre les échecs plus attractifs et spectaculaires aux yeux du public, car lors de parties plus longues, ils le sont beaucoup moins», poursuit-il. Pour rendre le tournoi encore plus attractif, des Grands Maïtres des Echecs y ont participé, notamment l'Azéri Shakhriyar Mamedyarov, membre du top 10 mondial, et double champion du monde mais également le Français Laurent Fressinet. Là encore, si ces Grands Maîtres ont pu se déplacer au Maroc, cela n'est pas dû à l'aide financière de la Fédération mais aux fonds versés par les sociétés qui ont accepté de sponsoriser l'évènement. Jouer aux échecs de l'école à l'armée Aujourd'hui, les meilleurs joueurs au monde d'échec sont les Russes. «Sur les 400-500 grands maîtres du monde entier, 100 sont à Moscou. Ils sont vraiment très bons», affirme-t-il. L'intérêt des Russes pour les échecs a commencé lors de la Guerre Froide. Ils cherchaient à tout prix à montrer au monde leur puissance intellectuelle. Ainsi, le gouvernement a prévu des cours d'échecs dans les écoles mais également au sein de l'armée Rouge où les soldats avaient des séances d'échec tous les jours. «C'est tout un pays qui a encouragé le pays à se mettre aux échecs. C'est normal aujourd'hui que le pays compte de grands maîtres», lance-t-il. Puis, en 1972 a lieu le «match du siècle» entre le soviétique Boris Spassky, champion du monde depuis 1948 et l'Américain Bobby Fischer. C'est ce dernier qui remportera la victoire. Ce match spectaculaire a popularisé les échecs. Des générations entières vont se mettre à jouer aux échecs dans les quatre coins du monde. Intégrer les échecs dans les écoles marocaines Jouant aux échecs depuis sa plus tendre enfance avec son grand-père qui lui a appris les règles, Youssef Iraqui souhaiterait également voir les Marocains se mettre aux échecs dès leur plus jeune âge. «Les jeunes Marocains ont un esprit analytique très développé, ils sont très bons en mathématiques et dans les sciences. Malheureusement, jouer aux échecs n'est pas encore assez populaire. Comment voulez-vous qu'ils jouent aux échecs, s'ils n'ont pas pris dès leur plus jeune âge l'habitude de lire ou d'avoir un livre entre leurs mains ?», déplore-t-il. «Jouer aux échecs permet d'apporter beaucoup de choses aux jeunes : développer leurs capacités mentales, mieux se concentrer, rencontrer d'autres joueurs, au lieu de fréquenter des jeunes qui auront une mauvaise influence sur eux», ajoute Youssef Iraqui. Ainsi pour mieux intéresser les jeunes, Youssef souhaiterait que les échecs soient enseignés à l'école, comme ce qu'ont fait les Soviétiques. Il explique par exemple, qu'en Europe, la commission européenne a fait appel au légendaire joueur russe Kasparov pour qu'il puisse l'aider à mieux introduire les échecs dans les écoles européennes. Pourtant jouer aux échecs n'est pas une activité couteuse. Pour 50 dirhams, on peut trouver au Maroc un simple jeu d'échecs Made in China. Sans oublier qu'on peut y jouer gratuitement sur internet.