Depuis quelques jours, les médias et la toile du Maroc colportent des rumeurs de crise politique au sein de la majorité. On parle de retrait du Parti de l'Istiqlal de la formation gouvernementale. Certains évoquent des élections anticipées.Dans une démocratie, ce genre de situation est normale. Mais pour que cela soit normal, il faut que cela soit justifié politiquement ! Or qu'est-ce qui a politiquement changé depuis l'investiture par le parlement du gouvernement dirigé par Si Abdelillah Benkirane, il a moins d'une année? Rien, absolument rien, à part l'élection de Hamid Chabat à la tête du Parti de l'Istiqlal. Ce changement de personne signifie-t-il un changement d'orientation politique de ce parti, qui passerait de la majorité à l'opposition aussi facilement? Le retrait éventuel du parti de la balance ouvrirait la voie au retour aux affaires du R.N.I. et de l'U.C. : et ce serait une insulte aux citoyens de ce pays qui ont validé une nouvelle constitution avant de donner la majorité à un parti qui n'a jamais frayé avec le pouvoir. Je n'ai aucun affinité avec le P.J.D. en tant que parti et je trouve que la plupart de ses représentants au gouvernement ne sont pas à la hauteur de la tâche qui leur incombe. Mais la démocratie et le respect de la constitution impose la présence d'un PJDiste à la tête du gouvernement, dans le cadre d'une majorité négociée et acceptée par toutes ses composantes. Il y a une année à peine les quatre partis formant le gouvernement (P.J.D., P.I., P.P.S., M.P.) avaient signé en grande pompe une "charte de la majorité" . Ce document risque tout simplement d'être violé et jeté aux orties par le simple fait que l'un des signataires a disparu de la scène politique alors même que sa formation est toujours présente et qu'elle est même sortie ragaillardie de son récent congrès. Le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal ayant réalisé la révolution au sein de son parti veut-il faire la révolution au sein du gouvernement?Si oui, pourquoi? Si oui, à quel prix? Le Maroc traverse une période très difficile à divers points de vue. Les contrecoups de la crise économique et financière auxquels il a échappé alors que l'occident se délitait le frappent de plein fouet, avec du retard certes mais de façon encore plus forte. Les révolutions arabes qui ont fait chaviré plusieurs régimes arabes n'ont pas fini de menacer le pays : et certains irréductibles profiteront de toutes les occasions pour tenter de rallumer le feu qui n'a pas pris dans notre société sous le vent de ce qu'on a appelé si mal à propos "le printemps arabe". Le pays a besoin de stabilité, de confiance, de sérieux! Le peuple a besoin de dirigeants fiables et solides, compétents et efficaces! Cette atmosphère politique délétère, alimentée de ragots, de menaces, de fausses nouvelles, d'intoxication, est malsaine. Elle risque d'entraîner le pays vers quelque chose qui dépassera le sort de Si Hamid Chabat, l'homme fort de Fes. Que chacun prenne ses responsabilités! L'heure est trop grave pour que l'on se soucie des aspirations personnelles de tel ou tel leader politique. Le Maroc ne peut se payer le luxe d'une crise politique ou plutôt d'une crise politicienne! Visiter le site de l'auteur: http://www.citoyenhmida.org/