Le peintre, sculpteur et romancier marocain Mahi Binebine vient de marquer son retour à l'arène de l'art dans la ville de New York. Après plus de deux décennies d'absence, l'artiste a renoué avec son «fief créatif» des années 1990 à travers une exposition dont le vernissage a eu lieu mercredi soir dans la mégapole américaine. Les admirateurs des œuvres de Mahi Binebine se sont donnés rendez-vous à la Sapar Contemporary Art Gallery en plein coeur du quartier artistique new-yorkais, Tribeca, pour apprécier les travaux façonnés avec un soin méticuleux et une profondeur remarquée par l'artiste durant les dix dernières années. Tout au long de cette exposition intitulée «On the Line» (Sur la ligne) qui se poursuit jusqu'au 5 avril, Binebine embarque le visiteur dans son univers de création et de créativité, à travers ses toiles et sculptures qui représentent des silhouettes en partance, des échines courbées, des hommes piétinés et des corps recroquevillés sur eux-mêmes. «Les œuvres de Binebine trace les contours de l'individualité, de la famille, de l'histoire et des changements socio-politiques en Afrique du Nord d'une manière autrefois universelle et particulière, se servant de la ligne pour illustrer des scènes suggérant qu'à tout moment, nous pourrions également être les sujets de ce récit», lit-on dans une note introductive publiée sur le site officiel de la Sapar Contemporary Art Gallery. A ce propos, Rachel Winter, Commissaire de cette première exposition de Mahi Binebine à New York, indique, dans un essai publié à cette occasion, que l'approche distincte de Binebine ouvre simultanément des «fenêtres» sur d'autres expériences et des miroirs à travers lesquels «nous pouvons nous voir dans ce récit, ou offre un point à partir duquel l'on peut jeter un coup d'œil sur un passé qui pourrait devenir notre avenir». Abondant dans le même sens, la directrice exécutive de la Sapar Contemporary Art Gallery, Nina Levent a déclaré à la MAP que les œuvres de Mahi Binebine braquent les projecteurs sur des pans entiers de l'histoire et décrivent l'humanité dans tous ses états. Par la même occasion, Levent s'est dit fière d'accueillir les travaux de Binebine, premier artiste nord-africain qui expose ses œuvres dans cette galerie située en plein cœur du Lower Manhattan. De son côté, Bertrand Epaud, spécialiste dans la liaison artistique, a indiqué que cette exposition permet au grand public de redécouvrir les œuvres de Binebine et de prendre la mesure de tout un aspect de son travail qui focalise en partie sur les masques, notant que ces travaux «suscitent l'intérêt des grandes collections publiques américaines et étrangères». Pour Mahi Binebine, cette exposition intervient après celle qui a eu lieu en décembre dernier à Miami (Art Basel Miami Beach) et sert de rétrospective ou bien d'un rappel des premières œuvres qu'il a créées lors de son premier séjour à New York il y a plus de 25 ans. L'inauguration de l'exposition «On the Line» a été marquée par la présence de plusieurs artistes et personnalités de divers horizons, dont l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale. Né en 1959 à Marrakech, Mahi Binebine s'installe à Paris en 1980 pour y poursuivre ses études de mathématiques, matière qu'il enseigne pendant huit ans. Puis il se consacre à l'écriture et à la peinture. Plusieurs de ses romans sont traduits en une dizaine de langues. De 1994 à 1999, il élit domicile à New York. Ses peintures font partie de la collection permanente du musée Guggenheim de New York. Il revient en 2002 à sa ville natale où il vit et travaille actuellement.