Aucune activité officielle n'a été consacrée au troisième anniversaire de la normalisation entre le Maroc et Israël. En revanche, cet événement a été très présent dans la rue. Les marches et les sit-in ont exigé la rupture des relations avec Tel-Aviv et la fermeture du bureau de liaison israélien à Rabat. Contrairement aux années précédentes, le troisième anniversaire de la signature de l'accord tripartite entre le Maroc, Israël et les Etats-Unis, s'est déroulé dans le silence. Les cérémonies commémorant la Déclaration conjointe, signée le 22 décembre 2022 à Rabat, avec des discours célébrant les retrouvailles maroco-israéliennes, après une rupture décrétée en 2000, n'ont pas eu lieu. En 2021, des célébrations ont été organisées dans la capitale américaine par les ambassadeurs, pour commémorer les Accords d'Abraham, et à Rabat avec une visioconférence ayant réuni Nasser Bourita, Antony Blinken et Laïr Lapid. Ce silence est la conséquence directe de la guerre israélienne sur Gaza, qui a bouleversé l'agenda du rapprochement entre les deux pays. En mars dernier, le cabinet royal a vigoureusement réagi, après que le Parti de Justice et du Développement a «désapprouvé» les positions du ministre marocain des Affaires étrangères. Le PJD avait manifesté sa «désapprobation» des «prises de position du ministre des Affaires étrangères», reprochant au chef de la diplomatie de «défendre l'entité sioniste dans certaines réunions africaines et européennes, à un moment où l'occupation israélienne poursuit son agression criminelle contre les frères palestiniens». Face à cette incursion dans un domaine exclusivement réservé au roi Mohammed VI, le cabinet royal avait affirmé que «la politique extérieure du Royaume est une prérogative» du souverain. Les effets diplomatiques de la guerre dans la bande de Gaza Après le 7 octobre, la communication officielle marocaine s'est adaptée aux exigences du nouveau contexte, condamnant sans équivoque l'agression israélienne. En témoigne, la lettre du roi Mohammed adressée, le 29 novembre, au président du Comité des Nations unies pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, Cheikh Niang. Le message royal a dénoncé «une destruction massive de logements, d'hôpitaux, d'écoles, de lieux de culte et d'infrastructures, un blocus total est imposé à Gaza, en flagrante violation des lois internationales et au mépris total des valeurs humaines». De son côté, Nasser Bourita a réaffirmé, en marge du forum Russie-Ligue arabe, organisé le 20 décembre à Marrakech, «les positions constantes du Maroc et de le roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods, soutenant les droits légitimes du peuple palestinien à l'établissement de son Etat dans les frontières de 1967 avec Al Qods-Est comme capitale». Le Maroc et Israël ont rétabli leurs relations diplomatiques, le 10 décembre 2020, après une rupture de deux décennies. Une reprise qui s'est opérée en échange de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Bien avant la guerre à Gaza, les relations entre les deux pays n'étaient pas un fleuve tranquille. Rabat et Tel-Aviv avait traversé une période de tensions, au lendemain de la formation, en décembre 2022, du gouvernement d'extrême droite présidé par Benyamin Netanyahu. Il a fallu une médiation américaine pour que le Maroc accepte de reprendre ses contacts ministériels avec Israël. Une «lune de miel» marquée par la reconnaissance israélienne, en juillet, de la marocanité du Sahara occidental.