Jean Louis Borloo revient à la charge concernant les chibanis. Il demande au président français, François Hollande, actuellement en visite à Alger, d'annoncer depuis la capitale algérienne que les retraités maghrébins pourront bénéficier des prestations sociales quel que soit leur lieu de résidence. Pour les défenseurs des droits des chibanis, M. Hollande ne le fera pas. «Je souhaite qu'il [François Hollande] prenne une décision extrêmement importante concernant les chibanis», a déclaré Jean Louis Borloo, président du groupe Union des démocrates et indépendants, invité sur le plateau de Bourdin Direct sur BFMTV ce jeudi matin. Profitant du voyage du président français à Alger, l'ex-ministre demande que M. Hollande «annonce, avant qu'il ne parte [d'Alger], que les deux décrets [concernant la loi de 2007] vont être publiés et que nos frères chibanis pourront rentrer chez eux et toucher leurs pensions». M. Borloo avait proposé en 2007 une loi permettant aux vieux retraités maghrébins de bénéficier des prestations sociales quel que soit leur lieu de résidence. Il rappelle que ladite loi avait été votée «à l'unanimité à l'assemblée et au sénat en première lecture». Ensuite, deux décrets permettant son application devaient être votés. Mais rien n'a été. En janvier 2012, alors ministre de l'Ecologie, M. Borloo demande, en vain, au premier ministre de l'époque, François Fillon, de publier les décrets d'application de la loi de 2007. Il a répété la demande avec le nouveau gouvernement : «à chaque fois tout le monde dit 'oui', mais ça ne se fait pas. Il y a un blocage je ne sais pas à quel niveau». D'après Jean Louis Borloo, le président français devrait comprendre «l'énorme impact» que l'annonce depuis Alger pourrait avoir, «symboliquement et humainement» parlant. «C'est tellement simple. C'est une affaire de fraternité, de dignité…», a-t-il déclaré. Borloo n'est plus ministre, il ne peut se faire entendre Pour le Collectif chibanis, les propos de Jean Louis Borloo resteront des déclarations parmi tant d'autres. «Il n'a pas de responsabilité au gouvernement, je ne crois pas qu'il puisse se faire entendre», affirme, Abderrahim Chninif, membre du collectif contacté par Yabiladi. Néanmoins, estime-t-il, «cela prouve que le débat avance et que le combat que nous menons a réussi à intéresser les politiques». A ce titre, le Collectif a été reçu le 11 décembre dernier par le chef de cabinet du ministre des Affaires sociales. Selon son président, Gabriel Ilesta, la rencontre s'est bien déroulée. «Ils nous ont écouté…Ils ont pris énormément de notes. Nous avons fait des propositions. Certaines les ont intéressées», indique-t-il à Yabiladi. Toutefois, M. Ilesta estime que les déclarations de M. Borloo ne vont pas pour autant emmener François Hollande à réagir. «Cela ne se passera pas comme ça» affirme-t-il supposant que le dossier pourrait être mené par une commission parlementaire qui remettra la décision au gouvernement. «C'est vrai que nous avons été bien reçus, nos propositions ont été listées, reconnait M. Ilesta. Mais on verra dans la pratique». Et de conclure : «on est dans l'expectative avec espoir et méfiance». L'ATMF propose que le gouvernement Ayrault fasse mieux En France, il n'est plus question de minium vieillesse depuis 2006, mais plutôt d'Allocation de solidarité aux personnes âgées [Aspa]. Et selon Ali El Baz de L'ATMF, cette allocation « tourne autour de 200 euros sans condition de résidence » dans ce cas des chibanis. « Cela ne coûtera rien à l'Etat français », juge-t-il. Cependant, M. Baz déplore l'obtention de cette allocation est « très conditionnée ». « Il faut que l'intéressé dispose d'une APL [aide personnalisée au logement], pourtant certains vieux ne l'ont pas…Il faut qu'il ait 15 ans d'ancienneté, certains ne les ont pas…Il faut aussi qu'il signe un départ définitif … », explique ce défenseur des droits des chibanis. « Nous demandons que le minimum vieillesse soit lié à la personne et non au lieu de résidence, et que les chibanis aient la possibilité d'aller et de venir librement tout en bénéficiant des prestations sociales », conclue M. Baz.