Sarkozy ne peut plus se permettre des candidatures dissidentes au sein de sa propre famille. Deux tendances se distinguent pour traiter le cas Borloo. Celui qui était, il y a encore quelques courtes semaines, un appoint indispensable pour l'unité de la majorité présidentielle et la victoire de Nicolas Sarkozy, est en train de devenir son grand point faible et son gesticulant poil à gratter. Jean-Louis Borloo, l'incarnation de la sensibilité radicale au sein de la droite, avec ses ambitions centristes affichées ne cesse de créer le buzz depuis qu'il a décidé de quitter l'UMP de Jean-François Copé. Son départ du parti de la Rue de La Boétie envoyait un double signal. Une spectaculaire rupture avec la machine sur laquelle Nicolas Sarkozy comptait pour reconquérir l'Elysée et une invitation pour ses fidèles à quitter le navire pour, sinon imaginer un autre destin, du moins pouvoir peser sur celui qu'ils doivent subir. Lorsque Jean-Louis Borloo avait fait part de son intention de reprendre sa liberté de parole et d'action, le premier cercle politique de Nicolas Sarkozy avait donné cette impression de minimiser l'ampleur de ce départ. Jean-Louis Borloo reviendra au bercail le poil mouillé et «la queue entre les jambes», lisait-on dans les confidentielles de la presse. Jean-Louis Borloo n'a ni la haine autonomiste d'un François Bayrou qui le verrouille sur une indélogeable posture ni la passion revancharde d'un Dominique de Villepin qui le programme pour une inévitable bataille. Pour une personnalité appartenant à la sensibilité radicale qui a été ministre sans interruption de 2002 à 2010 et qui a été à deux doigts d'arracher Matignon à François Fillon, il fallait certainement avoir un sacré sens du compromis et une formidable capacité à arrondir les angles qui éloignent de facto l'hypothèse d'une aventure individuelle, d'une tentation solitaire. Jean-Louis Borloo ne pouvait donc exister que comme une force d'appoint qui pousse et non une force motrice qui entraîne. Sauf que ce schéma confortable pour l'UMP et Nicolas Sarkozy est en train de changer. Point d'orgue, le résultat d'une étude effectuée par Harris interactive-le Parisien qui crédite Jean-Louis Borloo entre 7 et 10% s'il se présente au premier tour de la prochaine présidentielle. Le même sondage confirme une tendance généralisée à savoir que Nicolas Sarkozy sera éliminé dès le premier tour par Marine Le Pen, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande ou Martine Aubry. Avec des projections aussi catastrophiques, Nicolas Sarkozy ne peut plus se permettre des candidatures dissidentes au sein de sa propre famille. Deux tendances se distinguent pour traiter le cas Borloo. La première est le recours à la démoralisation tous azimuts sur le ton de la satire qu'a pris Nadine Morano, une proche de Nicolas Sarkozy : «Je ne pense pas qu'un seul Français imagine Jean-Louis Borloo président de la République (…) Lui-même ne peut pas s'imaginer à l'Elysée. Cela demande de la ténacité, de la rigueur, du sang-froid, de la persévérance. S'il n'est pas dépourvu de ces qualités, il ne coche pas toutes les cases». La seconde est le recours à la séduction et à la persuasion. Ce qui promet une intense activité autour de Jean-Louis Borloo mobilisant tous les pontes de la droite surtout à la veille du congrès du parti Radical qui doit se tenir en mai prochain et doit à la fois déterminer ses relations avec l'UMP et projeter le propre agenda de Jean-Louis Borloo pour les mois à venir.