Les retraités immigrés en France continuent de lutter pour le rétablissement de leurs droits. Ils se sont une fois de plus mobilisés pour une manifestation pacifique devant l'agence Carsat de Perpignan. SOS racisme dénonce l'injustice de la Caisse de retraite et la complicité des autorités marocaines. Toutefois, la lutta continue. Le collectif SOS Chibanis 66 a procédé, hier, à une manifestation pacifique devant la Carsat de Perpignan. Une cinquantaine de retraités d'origine maghrébine était présente afin de dénoncer leurs tristes conditions de vie. En effet, la majorité d'entre eux touchent 200 à 300 €, selon L'Indépendant. La Carsat affirmait agir dans le respect des lois et de la réglementation en vigueur sans discrimination aucune et sans pouvoir y apporter des aménagements. Selon le compte-rendu de la réunion après manifestation de l'association, le bilan est «positif quant à la pression sur la CARSAT». Celle-ci a d'ailleurs promis d'agir en faveur des Chibanis dans un délai de huit jours. Des vieillards marginalisés «Ils ont été exploités par les patrons qui les déclaraient de façon périodique», relate Mme Annie Rideau de SOS Chibanis 66. La Carsat s'appuierait sur le fait que la plupart d'entre eux auraient passé, pendant une certaine période, beaucoup de temps dans leur pays d'origine. Or, quand elle «a mis en place cette circulaire, elle ne les a pas prévenus. Ces gens sont illettrés et âgés de 70 à 90 ans. Comment pouvaient-ils savoir ? Ils sont aujourd'hui considérés comme des fraudeurs», a-t-elle ajouté. Les Chibanis bénéficient actuellement des aides des associations. Celles-ci leur fournissent à manger. Ils s'exprimeront prochainement dans un reportage réalisé par une chaine de télévision marocaine berbère. «Ils n'ont même pas de quoi manger. Ayant perdu leurs logements, nous les retrouvons parfois dans les coins de rue», explique Mme Rideau. Complicité des autorités marocaines Les associations dénoncent la complicité de la police nationale dans le traitement infligé aux chibanis. «Nous reprochons aux autorités marocaines d'avoir collaboré. La douane a envoyé les preuves de passages des chibanis aux autorités. Ils les ont dénoncés», s'indigne Mme Nicole Mathieu de le Cimade. SOS Chibanis relate le cas d'un Marocain jugé à Perpignan sur le seul fondement d'une «fiche de police sans cachet» qui aurait été remise par la police marocaine. Le vieillard est contraint de rembourser à la Carsat une somme de 17 000 € avant le 21 Janvier. Un autre, né en 1939 est condamné à verser 50 euros par mois de «trop perçu» jusqu'à 2042. «Comment vont-ils pouvoir payer ça quand ils sont à la rue, sans rien à manger, avec les allocations quasi-insignifiantes qu'ils reçoivent ? C'est malheureux !», s'indigne Mme Rideau. Les actions se multiplient L'Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) a renforcé son soutien aux retraités immigrés en plantant hier les bases d'une coopération permanente avec le collectif SOS Chibanis. Pour M. Raid, la bataille continuera jusqu'à ce que cessent les discriminations. SOS Chibanis envisage « la possibilité d'un référé contre la CARSAT si elle persiste à vouloir opérer des ponctions pour les «trop perçus» avant d'avoir repris les versements d'Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA)». En février prochain, tous les collectifs engagés dans ce combat se réuniront autour d'un séminaire à Paris «pour décider d'initiatives coordonnées pour exiger l'annulation de la dette» auprès de la Carsat de Montpellier. «J'espère que l'année 2012 marquera la fin de cette infamie», espère l'un des responsables de l'ATMF. Lueur d'espoir A la surprise générale, L'ancien ministre de l'Ecologie s'est penché sur le cas des chibanis. En adressant ses voeux hier soir, Jean Louis Borloo a demandé François Fillion de publier les décrets d'application d'une loi de 2007 pour l'aide à la réinsertion des vieux travailleurs maghrébins, rapporte 20 Minutes. «Puisque c'est la nouvelle année, j'aimerais bien demander au gouvernement un petit cadeau. Un cadeau qui me tient très à cœur, si François Fillon voulait me faire plaisir», a-t-il déclaré.