Ils n'arrivent toujours pas à dormir tranquillement, même après la retraite. A Toulouse, des chibanis sont trainés en justice par le directeur de la Caisse d'assurance retraite et de santé au travail (CARSAT). Leur tort : la publication sur le net de vidéos et de photos sur lesquelles appraît le directeur de la CARSAT lors d'une manifestation des chibanis dans les locaux de la Caisse d'assurance. Les faits remontent à plus d'un an. Le 15 mars 2010, lorsque les chibanis de Toulouse et le collectif d'associations qui les soutiennent occupaient le siège de la CARSAT, ils s'attendaient peut-être à tout sauf à se retrouver devant la justice plus d'un an plus tard. Ils s'attendaient encore moins à ce que le directeur de la Caisse de Santé les traine en justice, non pas pour avoir envahi les locaux de son établissement, mais plutôt, pour avoir publié sur le net les images et des vidéos de leur manifestation sur lesquelles il apparaît. Francis de Block, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a assigné au tribunal de grande instance de Toulouse, le collectif d'associations «Justice et Dignité pour les chibanis et les chibanias, pour le droit à vivre dignement ici et là-bas», notamment l'association «El Ghorba», et «La Case de Santé», tout comme «TV Bruits». Le collectif a publié sur son site des photos de l'occupation de la CARSAT où apparaît M. de Block, alors que «TV Bruits» a diffusé cette vidéo sur son site. Le 7 juin prochain, ils devront faire face au responsable de la CARSAT, défendu par Me Arnaud Sendrane. Ce dernier exige «le retrait des images sur le net» de son client et réclame «un euro symbolique» pour les dommages et préjudices subis, car le site qui a publié les images n'est pas un site d'information. Intimidations ? Chez les chibanis et leurs soutiens, encore très surpris par cette plainte, c'est l'incompréhension. «On a du mal à comprendre qu'une plainte de M. De Block nous vise un an après les faits. Pourquoi maintenant ?» se demande Jérôme Host, de «La Case de Santé». Pour Azahoum Boualam, responsable de l'association «El Ghorba» qui regroupe les chibanis, il ne s'agit là que d' «intimidations et de menaces» de la part du directeur de la CARSAT. Même si l'avocat de Francis De Block, insiste que cette «procédure n'a aucun lien avec les activités du collectif des chibanis», à «La Case de Santé» on estime «indécent que le directeur de la CARSAT, se positionne en victime alors que des centaines de chibanis n'ont rien pour manger». Au commencement… En effet, le bras de fer entre ces retraités et la CARSAT se déroule depuis deux ans. A l'instar de leurs collègues de Perpignan et d'autres villes françaises, la Caisse d'allocations familiales et d'autres organismes opèrent des coupes sur leurs droits sociaux au motif qu'ils résident hors du territoire français plus longuement que ne l'autorise la loi. Certains d'entre eux se sont retrouvés à devoir rembourser des sommes allant de 1000 à 22 000 euros, pour une pension de 600 euros par mois. Sans parler de la suppression des prestations minimum vieillesse et allocation logement. Le collectif «Justice et Dignité pour les chibanis et les chibanias, pour le droit à vivre dignement ici et là-bas» dénonce la «fermeté, l'indifférence et le mépris» avec lesquels la CARSAT de Toulouse traite l'affaire de ces retraités. Et ce, malgré le soutien de la municipalité, et de plusieurs autres entités locales et nationales.