Depuis plus de deux semaines, des organisations syndicales de l'enseignement en France pointent le contrôle à géométrie variable sur les établissements privés, qui menace désormais le lycée musulman d'Averroès de perdre son contrat avec l'Etat. La Ligue des droits de l'Homme (LDH) s'en est saisie, pointant des mesures partiales. Menacé d'une résiliation de son contrat d'association avec l'Etat, le lycée musulman Averroès attend la décision finale de la préfecture des Hauts-de-France. Dans ce contexte, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) a rejoint la mobilisation aux côtés de l'établissement, disant défende «prioritairement l'enseignement public comme l'instrument indispensable de mise en œuvre de la citoyenneté, comme un véritable outil d'égalité», mais appelant le préfet et le président du Conseil régional à «appliquer de manière juste et impartiale les mêmes règles à tous les établissements privés sous contrat». Dans un communiqué, mardi 5 décembre, la section LDH de Lille a insisté à ce «qu'il n'y ait aucune discrimination entre les religions, surtout dans le climat actuel d'islamophobie». «Nous souhaitons que les mêmes examens rigoureux soient effectués concernant les établissements catholiques», a-t-elle insisté. Selon la LDH, la décision de résilier le contrat d'association du lycée «doit être justifiée par la preuve de manquements pédagogiques ou d'irrégularités». Or, «les rapports de la Chambre régionale des comptes, ceux de l'Inspection générale de l'Education nationale ne nous semblent pas permettre à ce stade d'étayer une telle décision ; même si au-delà des témoignages des équipes pédagogiques, nous ne disposons pas de tous les éléments qui nous permettraient de dégager une connaissance exhaustive du dossier», ajoute la LDH. Par ailleurs, celle-ci se dit vigilante «envers toute entorse aux valeurs de laïcité, qui requièrent que la puissance publique ne reconnaisse aucune religion, mais les respecte toutes de la même façon, sans en privilégier ni en stigmatiser aucune». Les syndicats de l'enseignement pointent un climat d'islamophobie En plus de la LDH, deux syndicats de l'enseignement privé ont exprimé leur soutien au lycée. «Nous ne sommes pas dupes sur les réelles motivations du conseil régional et du ministère, cela s'inscrit dans un contexte politique qui n'a de cesse de stigmatiser une religion, l'islam, et vient officialiser encore une fois le glissement idéologique vers l'extrême droite dont nous combattons les idées nauséabondes», a écrit la CGT Enseignement privé (CGT-EP), dans un communiqué le 1er décembre. Avant la décision de la commission consultative pour l'enseignement privé, convoquée par la préfecture, la section 59/62 de Sundep Solidaires a également soutenu le lycée Averroès et son personnel, «en lutte pour son emploi». La menace de la préfecture «s'inscrit dans un climat d'islamophobie où la population issue de l'immigration est réduite à sa seule religion, présentée comme un potentiel danger», a souligné le syndicat, dans un communiqué le 13 novembre. «L'administration rectorale se montre tatillonne et discriminatoire en inspectant chaque année les collègues d'Averroès, sans rien trouver d'autre que des enseignant-e-s qui font leur travail avec le même sérieux que les collègues des autres établissements. La chambre régionale des comptes inspecte les finances de l'établissement quand elle ne le fait jamais pour les établissements privés catholiques sous contrat», a encore insisté Sundep. Le 27 novembre dernier, une commission académique consultative a donné un avis favorable à la résiliation du contrat du lycée musulman Averroès avec l'Etat. La préfecture des Hauts-de-France reproche à l'établissement un «système de financement illicite», ou encore un «enseignement à l'encontre des valeurs républicaines». Le lycée Averroès pourrait perdre les subventions annuelles qui lui ont été allouées jusque-là.