Vendredi 24 novembre 2023, s'est tenue l'ouverture de la vingtième édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), qui se poursuit jusqu'au 2 décembre. Moment du septième art très attendu, au vu de la symbolique de ses 20 ans au service du cinéma universel, cet évènement est marqué également par sa sobriété choisie, au vu du contexte où il se déroule. Lieu de référence pour chaque édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), le Palais des congrès a abrité, vendredi 24 novembre 2023, la cérémonie d'ouverture de la vingtième édition de la grand-messe cinématographique, avec une forte présence des professionnels du cinéma du Maroc et de l'ailleurs, mais aussi divers acteurs incontournables du champ culturel et artistique. Dans la cité ocre, fief de la région de Marrakech-Safi qui a été la plus impactée par le séisme du 8 septembre dernier, cette catastrophe naturelle ayant fait près de 3 000 morts et plus de 5 000 blessés est encore dans les esprits. C'est pourquoi, la résilience nationale et celle des populations locales a reçu les hommages, en ouverture de cette cérémonie. En entame de la soirée, des images des régions touchées ont été montrées, informant par ailleurs sur les actions de solidarité menées par la Fondation du FIFM, avec la participation de personnalités du septième art marocain. La scénographie de cette cérémonie a également été conçue pour honorer la solidarité ayant suivi la catastrophe naturelle. Au vu de ce contexte national, mais aussi régional par rapport à l'évolution de la situation au Moyen-Orient, la scène habituellement en plein air à Jamaâ El-Fna a été annulée cette année. L'édition se veut ainsi comme un focus sur les rencontres professionnelles, les débats et les rencontres cinématographiques, tout en sobriété, mais en célébrant comme il se doit un cinéma mondial rassembleur et vecteur de dialogue. Prenant la parole lors de cette cérémonie, la productrice et actrice américaine oscarisée Jessica Chastain, présidente du jury du FIFM cette année, a d'ailleurs souligné qu'«il y a encore peu, nous n'étions toujours pas sûrs si nous pourrions nous retrouver aujourd'hui à Marrakech», autour de cet évènement. A ce titre, elle a exprimé sa gratitude au roi Mohammed VI et au prince Moulay Rachid, président de la Fondation du FIFM, ainsi qu'à la conseillère du président de la Fondation, Melita Toscan du Plantier, tout en les félicitant pour la réussite et le rayonnement de ce rendez-vous. «Tout au long de l'Histoire, l'art a servi de vecteur privilégié de communication, pour sensibiliser aux questions sociales et insuffler un changement positif», a-t-elle déclaré. Par ailleurs, Jessica Chastain à souligné la forte présence féminine au sein du jury, composé cette année de six femmes et de trois hommes : l'actrice iranienne Zar Amir, la comédienne française Camille Cottin, l'acteur et réalisateur australien Joel Edgerton, la réalisatrice britannique Joanna Hogg, la réalisatrice américaine Dee Rees, le réalisateur suédo-égyptien Tarek Saleh, l'acteur suédois Alexander Skarsgard et l'écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani. D'ici le 2 décembre, le jury décernera l'Etoile d'or à l'un des 14 premiers et seconds longs-métrages en compétition, laquelle est dédiée à la découverte des cinéastes du monde. Dans le prolongement de la célébration des cinémas du monde justement, cette cérémonie a été marquée par un hommage à l'acteur danois Mads Mikkelsen, qui compte à son actif plus de 100 rôles dans divers films internationaux, autant dans les productions hollywoodiennes que dans les films d'auteur en Europe. Au fil des décennies, il aura affirmé sa grande capacité à incarner des personnages complexes, aux visages sombres, cassés, ou résilients face aux épreuves de la vie. Célébrer les noms du cinéma d'hier et d'aujourd'hui En 2020, Mads Mikkelsen a marqué son grand retour au cinéma danois avec «Drunk». Ce film oscarisé lui a par ailleurs valu une nomination aux BAFTA et un European Film Award. Ailleurs, son nom s'est distingué à Hollywood au fil des années. En 2023, il a donné la réplique à Harrison Ford dans «Indiana Jones et le Cadran de la destinée». Il a joué aussi dans des films comme «Arctic» (2019), «Polar» (2019), «Dr. Strange» (2016), «Rogue One: A Star Wars Story» (2016), «Casino Royale» (2006), «Le Roi Arthur» (2004), mais aussi dans la série télévisée «Hannibal» (2013-2015), où il a tenu le rôle-titre. Lors de cette cérémonie, Mads Mikkelsen a ainsi reçu l'étoile d'or du FIFM pour l'ensemble de sa carrière. Un prix décerné par l'acteur américain Willem Dafoe, face à qui il n'a pas tari d'éloges, l'évoquant parmi les personnalités cinématographiques d'exception l'ayant inspiré tout au long de son parcours. Cet hommage est particulièrement cher à l'acteur danois, qui a parlé également de sa première venue à Marrakech, dans le cadre d'un hommage au cinéama scandinave. «C'est incroyable pour quelqu'un qui était jeune hier à Copenhague, qui ne rêvait pas d'être acteur, mais qui avait néanmoins des héros qui l'inspiraient dans le monde des histoires humaines de pouvoir rencontrer ces héros et de partager la scène avec eux.» Mads Mikkelsen Après l'ouverture officielle de ce 20e FIFM, les cinéphiles ont pu apprécier la projection de Hit Man, réalisé par Richard Linklater, mêlant action et comédie romantique, mettant en scène l'acteur Glen Powell. Portant à l'écran les cinémas du monde à travers 75 films issus de 36 pays, la programmation de cette édition est répartie entre la compétition officielle, les séances de gala, les séances spéciales, le 11e continent, le Panorama du cinéma marocain, les séances jeune public et les films projetés dans le cadre des hommages. Par ailleurs, le festival accueille la sixième édition de son programme dédié à l'industrie du septième art, les Ateliers de l'Atlas, parrainés par le réalisateur légendaire américain Martin Scorsese qui donnera son nom à sa promotion de lauréats. Fervent défenseur du cinéma depuis plus de 40 ans, le cinéaste est d'ailleurs un soutien incontournable de ce festival, auquel il a participé à cinq reprises. Cette année, Martin Scorsese aura pour mission d'«échanger avec les jeunes cinéastes et contribuer à les guider sur leur chemin». «J'ai hâte de retrouver de vieux amis et de m'en faire des nouveaux», a-t-il déclaré auprès des organisateurs.