En amont de la Marche verte de 1975 au Maroc, le chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, a envoyé une délégation au royaume pour proposer son aide dans l'expulsion de la colonisation espagnole des provinces marocaines du sud. Des visites et des tractations se sont opérées alors avec le roi Hassan II (1962 - 1999). Le 16 octobre 1975, le roi Hassan II (1962 - 1999) a annoncé l'organisation de la Marche verte pour expulser la colonisation espagnole des provinces du Sahara. L'initiative a rapidement bénéficié du large soutien des Etats arabes et musulmans, qui ont été nombreux à proposer leur participation sur le terrain. Dans ce contexte, le roi Hussein de Jordanie (1952 - 1999) a écrit à son homologue marocain, pour l'informer de l'envoi d'une délégation qui participation à la marche. Pour sa part, le président irakien Ahmed Hassan al-Bakr (1968 - 1979) a annoncé son soutien absolu à la position du Maroc, tout en rejetant l'idée d'un nouvel Etat fantoche dans le Sahara. A Rabat, l'ambassadeur du Qatar ainsi que son équipe ont décidé de participer eux-mêmes à la marche. Le président tunisien Habib Bourguiba (1957 - 1987) a quant à lui déclaré que le Sahara occidental faisait partie intégrante du Maroc, tout en affirmant qu'un Etat dit sahraoui n'avait pas lieu d'être. Le chef d'Etat a ajouté que s'il n'y avait pas eu d'Espagne, la France aurait annexé cette région, comme elle l'avait fait avec le Sahara tunisien. Les annonces de soutien ont continué à se multiplier de la part des pays arabes pour adhérer à cette marche pacifique, qui a connu la participation et la mobilisation de milliers de citoyens de toutes les régions pour restituer le Sahara et en expulser les colonisateurs. La Palestine n'a pas fait exception, puisque l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) menée par Yasser Arafat a fait part de son soutien inconditionnel à l'initiative. «La libération du Sahara n'est pas moins importante que la lutte en Palestine» En ces années 1970, l'Organisation de libération de la Palestine a mené une résistance armée farouche contre l'occupation israélienne. Postée au sud du Liban, elle a combattu également les milices libanaises soutenues par Israël. Malgré cette situation, l'organisation a tenu à envoyer ses représentants au Maroc, pour exprimer leur soutien à la restauration de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Maroc : Les conséquences de la Marche verte sur le Polisario [documentaire] En sa qualité de président et leader de l'OLP, Yasser Arafat a désigné Amin Al-Hindi, alors membre du comité exécutif de l'organisation, pour porter un message au roi Hassan II et renouveler l'adhésion à la position du Maroc sur la question du Sahara. Cité dans le numéro 166 de la revue Daouat al-Haq, publiée par le ministère des Habous et des affaires islamiques au Maroc, Amin Al-Hindi affirme avoir «eu l'honneur d'être chargé par Abu Ammar de transmettre un message écrit à sa majesté le roi Hassan II, confirmant la solidarité de la révolution palestinienne et son attachement à la question du Sahara marocain, ainsi que le droit légitime de récupérer et de libérer ces terres de la colonisation espagnole». Ce principe «a été affirmé par Abu Ammar à de précédentes occasions lors des conférences du Sommet, ainsi que durant ses récentes visites, partant de l'idée que le peuple palestinien et la révolution palestinienne sont solidaires de l'unité territoriale du Maroc et de l'unité arabe», a ajouté Amin Al-Hindi, devenu plus tard le chef des renseignements généraux de l'Autorité palestinienne, qu'Arafat a présidée de 1994 à sa mort, en 2004. «Nous sommes venus de Beyrouth, malgré les évènements terribles et malgré les combats acharnés avec les bandes réclamant la sécession et la division du Liban. Nous sommes venus ici pour confirmer, une fois de plus, la position de la révolution palestinienne quant à l'unité du territoire marocain. Nous sommes toujours du côté de l'unité arabe, qui est un soutien à la cause et à la révolution palestiniennes», souligne encore Amin Al-Hindi, estimant que «la question de la libération du Sahara marocain n'est pas moins importante que la lutte en Palestine». «Le frère Abu Ammar a affirmé mobiliser l'ensemble des ressources de la révolution palestinienne, afin de nous mettre à la disposition de sa majesté, du peuple marocain et du mouvement national progressiste pour la libération du Sahara marocain. Frère Abou Ammar Ammar a déclaré, dans sa lettre adressée à sa majesté, que la question du Sahara marocain était toujours l'une de nos préoccupations majeures et la soutenir était l'un de nos devoirs. En vivant la Marche verte, instant par instant, notre sentiment était celui de tout groupe de la résistance palestinienne entrant dans le territoire occupé.» Amin Al-Hindi, membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine L'OLP du côté de la marocanité du Sahara Quelques jours plus tard, le roi Hassan II a également reçu Majed Abu Charara, membre du conseil révolutionnaire. Celui-ci a donné une déclaration, à l'issue de son entretien avec le souverain, indiquant avoir souligné que «la question de la libération du Sahara marocain fait partie des fondamentaux du peuple palestinien, tout comme la Palestine est considérée comme une question fondamentale pour le peuple marocain». Les multiples manœuvres de l'Algérie pour impliquer la Palestine dans le dossier du Sahara «Le point de vue de la révolution palestinienne est sans équivoque. C'est celui exprimé par le frère Yasser Arafat, ayant déclaré que la révolution palestinienne était prête à mettre tous ses moyens techniques à la disposition de la libération du Sahara marocain de la colonisation espagnole», a insisté Majed Abu Charara, affirmant que «ceci est la position de la révolution palestinienne et celle du peuple palestinien envers le peuple marocain frère». Après le succès de la Marche verte et l'expulsion de la colonisation espagnole du Sahara par le Maroc, l'Algérie a redoublé de son hostilité à l'égard de l'intégrité nationale. Pour ce faire, le voisin de l'Est a mobilisé tous ses moyens diplomatiques et financiers possibles pour soutenir le Front Polisario, qui réclame l'instauration d'une «république» au Sahara occidental. Face à leur échec à attirer l'attention de la communauté internationale, les décideurs algériens ont misé sur la promotion d'un parallélisme biaisé et erroné, faisant le rapprochement entre la cause palestinienne et la thèse séparatiste sur la question du Sahara. En dépit des prétentions de l'Algérie à s'ériger comme le partisan des mouvements de libération à travers le monde, le pays n'a pas réussi à convaincre la Palestine de soutenir le Front Polisario, d'autant que les principaux mouvements palestiniens comptant dans l'échiquier politique se tiennent à la même distance du Maroc et de l'Algérie, lorsqu'il s'agit du différend régional.