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“Nous sommes opposés à la politique conduite par Abou Mazen”
Publié dans La Gazette du Maroc le 13 - 02 - 2006

Interview exclusive de Farouk Kaddoumi : ministre des affaires étrangéres de l'état de palestine
De passage la semaine dernière à Casablanca, venant de Nouakchott et en route pour Tunis, Farouk Kaddoumi, alias Abou Lotf, toujours ministre des Affaires étrangères de l'Etat de Palestine, chef du département politique de l'Organisation de Libération de la Palestine et leader du Mouvement du Fatah, a accordé un entretien exclusif à la Gazette du Maroc ; entretien choc au cours duquel il a abordé un certain nombre de questions touchant notamment à la situation interne en Palestine, le processus de paix au Proche-Orient au lendemain de la victoire du Hamas aux législatives. Farouk Kaddoumi a surtout indiqué que son mouvement était prêt à participer à un gouvernement formé par le Hamas. Il s'est également prononcé pour un soutien à un gouvernement formé par le Hamas en considérant que ceux qui ont perdu les dernières élections n'étaient pas le Fatah mais bel et bien les partisans des accords d'Oslo. Il a par ailleurs accusé la direction actuelle de l'Autorité palestinienne d'avoir dévié de la ligne tracée par feu Yasser Arafat.
La Gazette du Maroc : Après le raz-de-marée électoral inattendu du mouvement Hamas lors des dernières élections législatives palestiniennes, quelle est aujourd'hui la situation au sein du Mouvement du Fatah dont vous êtes le leader ?
Farouk Kaddoumi : En vérité, il s'agit pour moi d'un grand pas et d'un événement glorieux dans l'histoire de la lutte de notre peuple palestinien. Quelles que soient les circonstances, les résultats de ce scrutin ne m'ont pas déçu ou irrité. Au contraire, ils m'ont fait plaisir car je m'y attendais depuis quelque temps. Ils m'ont confirmé dans mes convictions que toutes les composantes du peuple palestinien aspiraient à la réforme et au changement.
Je ne comprends pas ! Vous vous déclarez heureux de ces résultats alors que le Mouvement du Fatah que vous présidez est le principal perdant de ce scrutin !
Bien au contraire, le Fatah n'est pas le grand perdant de ces élections. Ceux qui les ont perdues, ce sont les symboles de l'Autorité palestinienne et de la mauvaise gestion qui suscitent beaucoup de points d'interrogation autour d'eux et dont les intérêts personnels justifient encore leur maintien au pouvoir.
En dehors de cela, le Mouvement du Fatah n'était en rien un grand perdant de ce scrutin, mais ce sont les partisans et les symboles des accords d'Oslo et ceux qui ont parié dessus. Le Hamas a gagné et à travers lui c'est l'option du Fatah-branche armée et en général celle de la résistance qui ont triomphé.
Abou Lotf, vous venez d'évoquer les symboles d'Oslo alors que cette option avait été acceptée et entérinée en accord avec les principaux leaders et symboles du Mouvement du Fatah. Pour quelles raisons avez-vous changé de ton et d'attitude vis-à-vis de cette option ?
Il y a une grande différence entre les accords d'Oslo et la situation qui prévaut actuellement dans les territoires palestiniens sous couvert d'application des accords d'Oslo. Il faut rappeler à cet égard que le premier parrain de cet accord du côté palestinien était le martyr Yasser Arafat, lequel après avoir constaté que l'accord était en train de dévier du cours normal qui avait été tracé, avait commencé à lui manifester publiquement son opposition. C'est ce qui a poussé Israël et, derrière lui, les Etats-Unis, à décréter son emprisonnement et sa longue détention au siége de l'Autorité palestinienne à Ramallah.
Puis, le dossier est passé entre d'autres mains. Ce qui veut dire que celui qui a accepté les accords d'Oslo était le défunt frère Abou Ammar, mais d'autres frères ont pris en mains la tâche de négocier, au moment où Abou Ammar se trouvait en état de détention caractérisée dans une ou deux chambres du siège de l'Autorité palestinienne. Le président Bush s'était même interdit tout contact téléphonique avec Arafat pour l'entretenir sur le déroulement du processus de paix, préférant s'adresser à d'autres personnes que nous retrouvons aujourd'hui à la tête de l'Autorité palestinienne. Ce sont ces personnes-là qui, par leur politique, ont conduit le peuple palestinien à cette impasse. Et c'est ce qui a poussé le peuple palestinien à leur tourner le dos et à les désavouer lors des dernières élections législatives.
Revenons aux dernières élections palestiniennes. Que réclame-t-on aujourd'hui au Mouvement Hamas ?
Nous avons mis en garde les frères du mouvement Hamas, avant et après les élections, sur les dangers que représente l'entrée dans le sombre tunnel des négociations avec Israël en se référant aux accords d'Oslo. J'ai la profonde conviction que c'est cette voie qui a fait entrer l'Autorité palestinienne dans cette impasse marquée par la corruption et la mauvaise gestion qui doit être évitée par le Hamas. Le Hamas se doit de comprendre que le peuple n'a pas voté pour ses listes politiques mais pour son choix de la résistance. Ses responsables devront faire face à toutes les pressions. Certains vont les appeler à reconnaître Israël, d'autres à dénoncer la violence et à renoncer donc à la résistance. De même qu'ils subiront des pressions politiques comme la menace des pays donateurs de fermer le robinet de l'aide financière et matérielle à l'Autorité palestinienne dont elle aura besoin.
Permettez-moi aussi de vous dire que nous faisons face aujourd'hui à un monde hypocrite. Regardez l'Europe et à sa tête la France qui défend la nécessité de la reconnaissance d'Israël par le Mouvement Hamas. Le même Israël dont Paris avait renforcé l'arsenal nucléaire alors que la Grande-Bretagne s'était chargée de transformer tout un peuple en réfugiés pour créer cette entité usurpatrice. C'est eux qui appellent aujourd'hui à la reconnaissance d'Israël. Ce qui signifie tout simplement priver les Palestiniens de leurs droits inaliénables.
Au cas où vous seriez sollicités en tant que mouvement à participer à un gouvernement d'Union nationale dirigé par le Hamas, accepteriez-vous une telle participation ? Etes-vous prêts à soutenir un tel gouvernement ?
Naturellement ! Nous sommes prêts à accomplir tout ce qui va dans le sens des intérêts de notre peuple et de son aspiration à l'édification de son Etat palestinien indépendant avec comme capitale Al Qods Acharif et la garantie des droits des réfugiés à retourner chez eux. En clair, si les frères du Hamas sollicitent un soutien ou une participation, nous leur trouverons des frères de l'intérieur pour participer à un tel gouvernement.
Quelle est votre évaluation du processus de paix jusqu'à présent surtout après les changements survenus sur la scène palestinienne ?
Le processus de paix est gelé. Il a même été assassiné et détruit par Ariel Sharon. Il ne nous a pas reconnus en tant que partenaire et associé du processus de paix. Et le Président Bush a fait le reste. Il a détruit l'initiative de base en la noyant dans ce qu'on a appelé l'initiative quadripartite ou encore la « Feuille de route » que le monde entier a agréée, c'est-à-dire les Nations unies, la Russie, l'Union européenne et les Etats-Unis. Mais le Président Bush s'est joué de tous ces membres et s'est mis à diriger personnellement le plan de paix. Lorsque sont survenues les dernières élections américaines, le criminel de guerre Ariel Sharon s'est mis d'accord avec lui sur les articles et les dispositions que je viens de citer et qui se résument à saper cette initiative politique en supprimant toutes les mesures positives qu'elle contient. Ils n'ont pas reconnu les frontières de 1967 et ont décidé que les colonies israéliennes dans les territoires occupés étaient légitimes et qu'il n'existe aucun partenaire ou associé à Ariel Sharon parmi les Palestiniens. Pire encore, ils sont allés jusqu'à affirmer qu'il est du droit d'Israël de continuer à tuer des Palestiniens et à pratiquer la politique de la terre brûlée sous le prétexte fallacieux de la légitime défense, comme si c'était nous qui occupions Tel-Aviv si je peux m'exprimer ainsi, et qu'il était aussi du droit de Sharon d'agir de façon unilatérale et de refuser aux millions de Palestiniens leur droit de retourner chez eux et sur leurs terres. Qu'Ariel Sharon aille en enfer ! Et il ira en enfer, Incha Allah !…
Cependant, la situation nouvelle survenue à l'intérieur d'Israël, avec la disparition de Sharon de la vie politique, nous avons entendu le Président palestinien Mahmoud Abbas Abou Mazen dire qu'il tendait la main à Ehud Olmert, successeur de Sharon, pour construire la paix. Qu'en pensez-vous ?
Nous sommes opposés au frère Abou Mazen, membre du Comité central du Mouvement du Fatah et président de l'Autorité palestinienne. C'est une déclaration tout à fait contradictoire avec la politique prônée par le Mouvement du Fatah. Nous avons déclaré à maintes reprises que cela n'était pas permis. Nous nous sommes même opposés au fait qu'il réclame du mouvement Hamas la reconnaissance d'Israël. C'est une question d'ordre strictement interne et qui relève du seul Mouvement Hamas. Et si ce dernier reconnaît Israël, notre faction au sein du Fatah s'y opposera.
Par contre, nous saluerons son refus de reconnaissance. Je reconnais aujourd'hui devant vous que nous sommes opposés à un membre de notre Mouvement.
C'est pour cela que j'ai dit que ceux qui ont perdu les élections, ce sont les adeptes d'Oslo et que le peuple leur a clairement dit en fin de parcours que « vous tomberez!… ».
D'après vos propos, Abou Lotf, il se précise qu'il y a plusieurs factions au sein du Mouvement du Fatah. Celle des colombes qu'incarne le Président Mahmoud Abbas et celle des faucons dirigée par Farouk Kaddoumi. Quelle est réellement la situation de votre mouvement à l'heure actuelle ?
Tout ce qui sort du programme initial de base du Mouvement du Fatah, lequel établit un équilibre dynamique entre le fusil et le rameau de l'olivier, toute personne qui ne respecte pas cette constante n'est pas des nôtres même si elle continue à se proclamer membre du Fatah.
C'est pour cette raison que nous considérons que lorsque l'Organisation de Libération de la Palestine ( OLP) a adopté les accords d'Oslo, nous avons dit que les accords en question étaient en fait destinés à la mise en place de l'Autorité nationale palestinienne et que cela est conforme à notre programme transitoire consistant à libérer la Cisjordanie et Gaza dans l'espoir de pouvoir parvenir à proclamer l'Etat de Palestine par la suite. C'est cela notre programme d'étape que le Conseil National Palestinien a adopté en 1974. J'ouvre une parenthèse pour souligner que le Conseil National n'est pas seulement le Fatah.
Voilà pourquoi je dis que ce sont les agissements des gens de l'Autorité palestinienne qui ont dévié de ce programme d'action politique qui ont conduit tout naturellement à tous ces désaccords et pommes de discorde entre nous à telle enseigne que nous leur avons dit qu'à travers les accords d'Oslo, ils ne parviendront ni à libérer la terre ni à ce que le peuple palestinien soit rétabli dans ces droits. En d'autres termes, cela signifie le retour tout simplement à la lutte armée.
Où en sont donc vos relations avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ?
Il n'y a pas de contacts directs entre nous. Mais en dépit de cela, je lui ai adressé ces derniers temps plusieurs lettres réclamant en particulier la nécessité de rectifier le tir dans la marche du Mouvement du Fatah et de demander des comptes aux auteurs de mauvaise gestion et de malversations, de les punir et surtout de lutter contre la corruption et le clientélisme.
Et quelle a été sa réponse ?
Il n'y avait aucune réponse. De toute façon, je n'ai pas adressé ces lettres pour recevoir des réponses sur papier, mais pour que la réaction soit pratique, concrète et vérifiée sur le terrain. Il y a un comportement faux et une administration mal gérée et corrompue. Moi, je ne me tairai jamais face à de tels comportements qui ont l'air de s'amplifier tant au sein de l'Autorité palestinienne que dans les rangs du Mouvement du Fatah.
Après la dernière victoire du Mouvement Hamas, nous avons entendu Khaled Machaâl appeler à la restructuration de l'Organisation de Libération de la Palestine ( OLP) et à sa réforme. Quelle attitude Farouk Kaddoumi adopte-t-il vis-à-vis de ces déclarations, sachant pertinemment que le Mouvement Hamas n'est pas membre de l'OLP ?
Puisque le Mouvement Hamas est sur le point de former un nouveau gouvernement, il est certain que cela mettra sur son chemin de nombreuses embûches particulièrement pour ce qui est du volet de la résistance. C'est pour cela que je pense qu'il est devenu nécessaire que le Mouvement Hamas intègre enfin l'OLP, en tant que cadre rassembleur et unificateur du peuple palestinien, toutes factions confondues aussi bien à l'intérieur comme à l'extérieur. Je pense également que le Hamas ne doit pas se limiter au seul cadre étroit des institutions de l'Autorité palestinienne, lequel cadre est limité à gérer les affaires du peuple palestinien dans des zones précises comme Gaza et certaines villes de Cisjordanie.
Je suis donc d'accord avec le frère Abou Machaâl sur ses déclarations qui signifient que l'Organisation de Libération de la Palestine constitue réellement le cadre rassembleur de tout le peuple palestinien.
Et conformément aux résolutions et recommandations pertinentes du Congrès du dialogue inter-palestinien qui a eu lieu l'année dernière au Caire, il a été prévu de former une commission comprenant les secrétaires généraux de toutes les composantes palestiniennes : le Fatah, Hamas, Al Jihad, le Front Démocratique de La Libération de la Palestine ( FDLP) et le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP).
J'aspire personnellement à une restructuration et à une recomposition de l'OLP qui puisse lui insuffler un sang nouveau et favoriser une refonte et l'émergence d'une nouvelle OLP.
Un autre sujet de préoccupation : que pensez-vous du soutien arabe, surtout après les menaces de l'Occident de cesser les vivres aux Palestiniens en suspendant son aide à l'Autorité palestinienne au cas où le Hamas ne reconnaîtrait pas Israël ?
Vous savez que les régimes arabes ont, hélas, normalisé pour la plupart leurs relations avec Israël. Des pays islamiques en ont fait de même. Nous exhortons nos frères dans les pays arabes à adopter une attitude plus ferme, qu'ils apportent leur soutien à l'Organisation de Libération de la Palestine. Nous souhaitons ardemment qu'ils soutiennent l'Autorité palestinienne au cas où l'Europe et les Etats-Unis suspendraient leur aide.
Vous avez été le premier à avoir évoqué l'assassinat du président Yasser Arafat par les Israéliens. Y a-t-il eu des développements à ce sujet ?
Ce dossier a été hélas enterré parce que ceux qui conduisent les affaires de ce monde sont des ennemis du peuple palestinien et de sa direction historique et légitime. Mais les Palestiniens continuent de déployer des efforts soutenus pour connaître la vérité. Nous prions le Tout Puissant de nous y aider une fois les choses auront changé afin que nous parvenions à convaincre l'Assemblée générale des Nations unies et le Conseil de Sécurité de former une commission d'enquête sur les circonstances de la disparition du martyr Abou Ammar.
En parcourant ce matin certains journaux palestiniens sur le web, j'ai été attiré par des articles qui tendent à rouvrir le dossier de l'assassinat d'un autre leader palestinien, en l'occurrence, feu Abou Jihad. Certains organes de presse palestiniens ont clairement accusé l'ancien ministre tunisien de l'Intérieur, Mohamed El Bouz, d'avoir livré aux Israéliens des informations ayant conduit à cet assassinat odieux. Quelles initiatives pourriez-vous prendre à ce sujet ?
Je ne dispose pas d'informations sur ce dossier. Et s'il s'avère qu'il y a des informations confirmées, il y aura lieu de relancer l'affaire.
Après les derniers développements intervenus sur la scène palestinienne, où vous vous positionnez aujourd'hui, surtout que vous êtes chargé depuis longtemps de conduire la diplomatie palestinienne ?
Je suis toujours responsable de la diplomatie. C'est une donnée essentielle. Je suis le ministre des Affaires étrangères de l'Etat de Palestine et président du département politique de l'Organisation de Libération de la Palestine. Cependant aujourd'hui, nous avons commencé à former de nouvelles générations de jeunes diplomates. Je peux vous assurer à ce sujet que nous prenons en considération tous les points de vue ; et, surtout, que nous avons épuisé tout ce que l'on pouvait faire en matière de diplomatie. Il n'y a plus rien à y ajouter : des résolutions en chaîne votées aux Nations unies par le Conseil de Sécurité, par l'Assemblée générale, des jugements rendus par le Tribunal International de La Haye. Franchement, il ne reste qu'à définir la façon dont la communauté internationale pourra exécuter ces résolutions. C'est ce que nous nous efforçons de faire aujourd'hui. Quant à de nouvelles résolutions, cela n'est pas à l'ordre du jour.
Ce que je veux dire, est-ce que vous serez toujours ministre des Affaires étrangères au sein d'un gouvernement formé par le Hamas ?
Je ne suis pas le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne mais celui de l'Etat de Palestine proclamé en 1988 à Alger et dont feu Yasser Arafat avait été proclamé Président. L'Autorité palestinienne n'a rien à voir avec les questions relevant des Affaires extérieures et de la Défense. C'est ce qui a été prévu par les accords d'Oslo. A partir de là, lorsque le président Yasser Arafat désignait des ambassadeurs de Palestine dans un pays donné, il tenait à ce que cela se passe au siège de l'Organisation de Libération de la Palestine à Tunis et pas dans les territoires palestiniens. Quiconque sera tenté de s'emparer des prérogatives des Affaires étrangères et de la Défense se met automatiquement en dehors des règlements de l'OLP. Par conséquent, mon poste de ministre des Affaires étrangères de Palestine n'a aucun rapport avec les résultats des élections législatives.
Je suis ministre des Affaires étrangères sur la base de ma présidence du département politique de l'OLP. Je ne suis pas désigné par l'Autorité palestinienne. Bien au contraire, cette mission m'avait été confiée en 1988 à l'occasion des assises du Conseil National Palestinien. Même le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait besoin de notre aval pour se présenter aux élections en sa qualité de membre du comité exécutif de l'OLP. C'est elle la base et la référence essentielle et non l'Autorité palestinienne comme on tente de le faire croire.
Quiconque viole cette loi viole la légitimité de l'Organisation et de l'Etat qui a été reconnue internationalement en tant qu'unique et représentant légitime du peuple palestinien.
Une dernière question, M. le ministre. Au cours de cet entretien, vous avez évoqué vos multiples démarches pour l'édification d'un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Je sais que vous êtes natif de Jaffa qui se trouve à l'intérieur d'Israël. C'est là où vous êtes né, avez grandi et obtenu votre diplôme d'études secondaires. Est-ce que vous ne sentez pas une nostalgie, un désir d'y revenir une nouvelle fois ?
Bien sûr, car Jaffa fait partie du territoire palestinien.
Mais nous sommes aujourd'hui dans une autre étape de notre lutte. Notre lutte est passée par la lutte armée. Il se peut que la prochaine étape soit celle de la politique via des négociations.


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