Après le road show de deux semaines au Moyen Orient, en Amérique et en Europe, le ministère des Finances a finalement émis un emprunt obligataire de 1,5 milliard de dollars, soit 500 millions de plus que le montant initialement annoncé. Une somme qui devrait servir à l'investissement pour donner une bouffée d'air frais à l'économie nationale, mais nul ne sait toujours à quel type d'investissement ces millions vont servir. Le Maroc a émis, mercredi 5 décembre, un emprunt obligataire sur les marchés financiers internationaux d'un montant de 1,5 milliard de dollars en deux tranches, au lieu de 1 milliard comme initialement indiqué, a annoncé le ministère de l'Economie et des Finances, rapporte MAP. La première tranche de 1 milliard de dollars est remboursable sur 10 ans à un taux de 4,35% avec une prime de risque de 280 points. La seconde tranche de 500 millions de dollars bénéficie de la plus longue maturité réalisée à ce jour par le royaume sur le marché financier international, 30 ans, à 5,5% avec une prime de risque de 290 points, précise Les Echos. Une bonne affaire… A de telles conditions, plusieurs analystes qualifient cette opération de «fructueuse» et la considèrent comme une «bouffée d'oxygène pour l'économie nationale», rapporte l'Economiste. Par ailleurs, le taux à 10 ans qu'a obtenu le Maroc est d'autant plus intéressant qu'il est légèrement inférieur à celui obtenu pour l'emprunt d'un milliard d'euros réalisé en 2010. Pour ce dernier, la prime de risque est passée de 200 points au moment de l'émission à 300 voire 350 points base sur le marché secondaire suite au printemps arabe, relève un analyste. C'est à dire, que la confiance des prêteurs dans la capacité du Maroc à rembourser son prêt avait diminué. Les analystes estiment que les notations positives de Standard and Poor's et Fitch Rating arrivée à la veille du road show de Nizar Baraka auraient eu pour conséquence de rassurer les investisseurs. Le Maroc a donc pu obtenir son emprunt à un meilleur taux que certains pays européens tels l'Italie et l'Espagne, indique Jeune Afrique économique. A noter que le Maroc s'est fait conseiller, pour lancer cet emprunt, par de grandes banques comme Barclays, BNP Paribas, Citigroup et Natixis. … mais pour quoi faire ? 1,5 milliard de dollars qui tombent à pic. Le déficit budgétaire est devenu inquiétant - il a atteint 99 milliards de dirhams début août -, la facture pétrolière est en hausse de 80%, les réserves de divises sont au plus bas, sans parler du déficit chronique de la balance des paiements. Il est clair que ce milliard et demi de dollars que le Maroc vient d'emprunter servira à la relever l'économie, mais l'objet exact reste flou. Selon les déclarations d'un haut responsable gouvernemental à l'agence Reuters au moment où rien n'était encore officiel, l'objectif principal de ce recours au marché international par le Trésor marocain «serait de permettre l'exécution des investissements publics prévus en cette année et aider à l'accomplissement des réformes initiées par le gouvernement, telles la justice ou la caisse de compensation». Cependant, le département des Finances n'a pas communiqué officiellement à ce sujet. L'on parle de compenser les déficits via l'investissement, mais aucune précision n'est donnée. Selon l'économiste Mohamed Chiguer, le département des finances ne fait pas suffisament preuve de transparence à ce niveau.