Le mot compétitivité est à la mode dans le discours publi tant en France qu'au Maroc. Mostapha Melgou explique pourquoi ce mot devient progressivement un abus de langage qui cache les difficultés globales de l'économie marocaine. Tout le monde aujourd'hui ne jure que par la compétitivité. En France, par exemple, l'on pointe du doigt le manque de compétitivité de l'économie française par rapport à sa rivale allemande et à sa concurrente chinoise. Donc la compétitivité est à inscrire sur le registre de l'échange international et de la guerre économique entre les nations. Le Maroc n'est pas en reste dès l'instant que le gouvernement et CGEM (syndicat des patrons), dans un mimétisme béat du discours sur la compétitivité sous d'autres cieux, nous écorchent les tympans sur les mérites de la compétitivité sans savoir de quoi ils parlent. Le gouvernement reprochent aux entreprises notamment celles qui sont versées dans l'export de ne pas être suffisamment ou pas du tout compétitives. Les mêmes entreprises, quant à elles, se plaignent de ne pouvoir l'être, pointant du doigt le coût de l'énergie, la cherté de la main d'œuvre ou encore le niveau de l'imposition. Mais la grande précision qui s'impose c'est que la compétitivité à trait à toute l'architecture économique d'un pays – environnement légal, code du travail, fiscalité…etc - et ne se limite donc pas à l'un des opérateurs économiques à savoir l'entreprise. C'est l'économie dans son ensemble qui est ou n'est pas compétitive et non pas telle ou telle entreprise. L'économie Marocaine ne peut en aucun cas être compétitive pour la simple et bonne raison que 1- c'est une économie dépendante et exogène, 2- notre industrie est dans son ensemble confinée à la seule filière de la sous-traitance de faible valeur ajoutée. Avec un tel profil économique, allons-nous rivaliser avec qui, dans le contexte actuel du «global economy» et de l'échange inégal ? Je recommande à tous ceux qui se gargarisent de compétitivité de ne pas occulter ses pré-requis à savoir la mise en œuvre d'une politique de ré-industrialisation structurante dans des niches qui ont pour nom l'industrie du savoir et de l'innovation.