En Espagne, l'opposition et les alliés de la majorité gouvernementale ont commémoré, à leur manière et avec trois semaines d'avance, le premier anniversaire du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie pour le Sahara occidental. Une fois de plus, les députés espagnols du Parti Populaire, de Vox et des indépendantistes catalans et basques, ont mis sous le boisseau leurs divergences sur la question du Sahara. Ils ont saisi la comparution, ce mardi 21 février, du ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, devant la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, pour lui demander de fournir des explications sur la teneur de la lettre de Sanchez adressée, le 14 mars 2022, au roi Mohammed VI, rapportent des médias ibériques. La porte-parole du Parti Populaire, Valentina Martínez Ferro, a estimé que Pedro Sanchez s'est positionné en faveur du Maroc «en échange de rien», soulignant que la réouverture de la douane commerciale de Melilla, fermée depuis août 2018 par le Maroc ainsi que l'ouverture de celle de Ceuta se font toujours attendre. Elles obéissent à un «calendrier secret sans horizon», a déploré la parlementaire. PP, Vox, Catalans et Basques avaient déjà joué la même partition La députée du PP a rappelé, pour étayer sa version, que le roi Mohammed VI n'a pas reçu Pedro Sanchez lors de la 12e Réunion de haut niveau, organisée le 1er et 2 février à Rabat. Pour sa part, le porte-parole de Vox, Iván Espinosa de los Monteros, a critiqué le «secret» avec lequel le gouvernement a agi dans tout ce qui concerne le «virage soudain» sur le Sahara et «la soumission au Maroc». Même de son de cloche auprès des indépendantistes de la Gauche républicaine catalane (ERC) qui ont pointé du doigt la division de la coalition de gauche gouvernementale sur la question du Sahara. Une allusion au rejet d'Unidas-Podemos de la décision de Pedro Sanchez de soutenir l'initiative marocaine d'autonomie. Un rejet réitéré à la veille de la tenue à Rabat du dernier sommet maroco-espagnol. De son côté, le porte-parole d'EH Bildu, Jon Iñarritu, a plaidé pour l'établissement de bonnes relations avec le Maroc mais à condition que «le prix à en payer ne soit pas l'abandon du peuple sahraoui et de fermer les yeux lorsque des tragédies se produisent sur le territoire espagnol, comme celle de Melilla» du 24 juin ayant couté la vie à une trentaine de migrants. Dans sa réponse aux interventions des députés, le chef de la diplomatie espagnole a souligné que son gouvernement continue de défendre le «leadership de l'ONU» sur la question du Sahara occidental. Une position qu'il a, d'ailleurs, réaffirmée samedi à Munich lors de sa réunion avec l'envoyé des Nations unies, Staffan de Mistura. Pour rappel, Albares a indiqué, la semaine dernière, que le Maroc reste «la priorité» de la diplomatie espagnole. Cette «union» de l'opposition et des alliés du gouvernement sur la question du Sahara, s'est déjà manifestée en avril lors de la plénière de la Chambre des représentants et au Sénat par une double condamnation de l'appui de Sanchez au plan marocain d'autonomie.