Les militaires algériens n'ont pas tardé à réagir à la médiation du roi Abdellah II de la Jordanie entre le Maroc et l'Algérie. Ils ont confié à un média local de traduire leur rejet à l'initiative jordanienne, comme ils ont fait avec les tentatives de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et du Qatar. Les confidences d'une «source diplomatique algérienne» à un média espagnol portant sur un projet de médiation jordanienne entre le Maroc et l'Algérie, divise le pouvoir algérien. En témoigne la réaction publiée par le journal Echorouk, qui traduit traditionnellement les positions de l'institution militaire et ce, depuis l'ère du général Ahmed Gaïd Salah, décédé en décembre 2019. Dans un article, le quotidien a préféré passer complètement sous silence l'origine des révélations publiées par La Vanguardia - à savoir la diplomatie algérienne- pour les démentir. La même source a qualifié les révélations «d'une autre tentative du Makhzen» et d'un «poisson d'avril avant l'heure». «Après l'échec de toutes les manœuvres rapportées par la presse marocaine et certains journaux arabes qui lui sont fidèles, le palais a déplacé ses pions médiatiques chez son voisin du nord, l'Espagne», écrit Echorouk. Les militaires ont déjà rejeté des initiatives arabes de médiations Dans son entreprise de détricotage de la médiation attribuée au roi Abdellah II, la publication arabophone a estimé que le royaume hachémite n'est pas le mieux placé pour mener un tel projet, au motif que les «positions de la Jordanie et l'Algérie ne convergent pas sur des questions majeures, comme le dossier sahraoui». «Le Royaume de Jordanie est érigé en fer de lance de la politique contre le peuple sahraoui», explique Echorouk. La source diplomatique algérienne a révélé à La Vanguardia que le dialogue entre Rabat et Alger se focalisera uniquement sur la réouverture du Gazoduc Maghreb-Europe, fermé depuis le 31 octobre 2021, et non sur le dossier du Sahara occidental. Pour rappel, Amman a inauguré, en mars 2021, un consulat général à Laâyoune, traduisant ainsi par un acte hautement symbolique sa reconnaissance de la marocanité du Sahara. Une ouverture accueillie par un silence assourdissant en Algérie. La position exprimée par Echorouk est une preuve de plus attestant du rejet de la hiérarchie militaire de toutes les initiatives de réconciliation avec le Maroc. En novembre dernier, des médias internationaux ont rapporté que le chef des armées, le général Said Chengriha avait levé son véto devant trois médiations arabes - saoudienne et émiratie en 2021 et la toute dernière, datant de l'été 2022, qui est l'œuvre du Qatar-, sous prétexte que le «royaume est un ennemi stratégique». Pour rappel, l'émir du Qatar Tamim s'est rendu, le 25 juillet en Algérie, pour assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux de la Méditerranée, organisés à Oran. Cinq jours après cette visite, le roi Mohammed VI avait appelé, dans son discours du trône, le président Tebboune «à travailler, main dans la main, à l'établissement de relations normales entre deux peuples frères, unis par l'Histoire, les attaches humaines et la communauté de destin». Certains pays arabes ont riposté au rejet des médiations de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unies par réduire le niveau de leurs représentativités au Sommet arabe d'Alger du 1er et 2 novembre.