Alors que la presse nationale a crié une «première victoire sur le déficit budgétaire» ce jeudi matin, Standard and Poor's de son côté, a annoncé une révision de la perspective de la note du Maroc : négative. Et le Maroc risque une dégradation de sa note. L'agence de notation Standard and Poor's a modifié à «négative» la perspective de la note de la dette à long terme du Maroc, a-t-elle annoncé dans un communiqué rendu public jeudi 11 octobre. La note du royaume reste donc dans la catégorie «investment grade», avec une note souveraine à BBB- avec une perspective négative. La notation du Maroc reste soutenue par sa gestion macroéconomique, qui a toujours mis l'accent sur la stabilité. Selon S&P, cela a contribué à une forte croissance économique du pays par rapport à ses pairs, une faible inflation, un endettement externe et une dette publique modérés. Cette décision arrive au moment où la pente du déficit budgétaire semble se relever, puisqu'à fin septembre, ce dernier s'est allégé de 2,4 milliards pour se fixer à 31 milliards de dirhams, une première depuis 2010, rapporte L'Economiste. Lundi dernier, le ministre des Finances, Nizar Baraka, a annoncé que l'objectif actuel du gouvernement est de ramener le déficit public à 4% du PIB en 2013, contre 6,1%. Et le regain de forme pourrait se maintenir selon la tutelle qui a également annoncé un taux de croissance de 4,5% dans l'élaboration du prochain budget. Risque de dégradation Mais ces projections du département de Baraka ne semblent pas être de concert avec celle de l'agence de notation qui table sur un déficit des comptes courants de plus de 7,5% du PIB sur la période 2011-2013. Mise en garde : «Nous pourrions baisser les notes si les déficits budgétaires et des comptes courants ne sont pas réduits significativement et durablement, [si] la pression sociale augmente au point de compromettre la stabilité politique ou des réformes cohérentes, [si] les performances économiques sont affectées par un environnement économique externe affaibli», indique l'agence dans son communiqué. A présent, le maintien de la note du Maroc, selon l'agence, dépendra de sa capacité à «mettre en œuvre des réformes visant à réduire durablement les déficits [budgétaire et des comptes courants] ainsi que le taux de la dette extérieure du pays», tout en préservant la paix sociale et la stabilité politique. Cependant, la dette extérieure va croissant. Après l'ouverture récente d'une ligne de crédit par de 6 milliards d'euros par l'UE, le département de Baraka vient de confirmer la levée de fonds d'1 milliard de dollars sur le marché internationale, annoncée en mai dernier. De plus, «ce montant peut être dépassé. Cela dépendra de l'offre qui sera faite par les investisseurs», souligne Driss El Azami, ministre délégué de l'Economie et des Finances, en charge du Budget. La même note que l'Espagne Avec le révision de S&P, le Maroc détient désormais la même note que l'Espagne [BBB-] qui a été dégradée par l'agence de notation américaine ce jeudi.