La Garde civile espagnole a reconnu avoir fait usage de matériel anti-émeute, le 24 juin dernier, lors de la traversée de centaines de migrants de la clôture de Melilla, ayant fait 23 morts selon le bilan officiel. Les députés espagnols qui se sont rendus sur les lieux, lundi, ont été reçus par le chef du commandement dans l'enclave, le lieutenant-colonel Arturo Ortega. Selon lui, les agents ont lancé ce jour-là «86 cartouches de gaz lacrymogène, 28 bonbonnes de gaz, 65 tirs de balle en caoutchouc, 270 tirs à canon bruyants pour dissuader les migrants, 41 bombes lacrymogènes de grande taille et 12 de tailles différentes». Les médias espagnols ont rapporté que lors de cette rencontre, le représentant de l'armée a indiqué que ses agents s'étaient trouvés «débordés». L'usage du gaz lacrymogène en nombre a précédemment suscité l'indignation de Jon Iñarritu, député du parti basque Euskal Herria Bildu et membre de la commission parlementaire qui s'est déplacée sur les lieux, du côté espagnol. La Garde civile a, par ailleurs, souligné avoir déjà été informée sur une éventuelle traversée de migrants en groupe, mais pas avec un tel nombre. Ainsi, 80 agents frontaliers ont fait face aux premières tentatives, mais le contingent se serait avéré insuffisant. D'autres forces de police ont été appelés en renfort, jusqu'à atteindre 120 agents. Dans la zone du passage frontalier de Barrio Chino, le nombre initial d'agents n'aurait pas dépassé 10. Tous se seraient retirés, en raison de l'ampleur des événements face auxquels ils ne se seraient pas préparés. La Garde civile a expliqué que les caméras de surveillance du poste frontière étaient éteintes, puisque ce point de passage est fermé depuis longtemps. Le député Iñarritu a plus tard réagi sur Twitter. Il a indiqué qu'au vu les images pouvaient «sans aucun doute» qu'une partie des événements tragiques «s'est produite dans une zone sous le contrôle opérationnel des forces de sécurité espagnoles». La délégation parlementaire s'étant déplacée à Melilla est composée de représentants du PSOE, Unidas Podemos, PP, ERC, PNV et EH Bildu, les formations d'extrême droite Vox et Ciudadanos ont refusé d'y prendre part. Des prises de vue d'un drone et d'un hélicoptère de l'armée ont été montrées aux élus. Le ministère de l'Intérieur a récemment nié la mort de migrants du côté espagnol. Il a promis de montrer aux députés parlementaires, dans les prochains jours à Madrid, toutes les images enregistrées.