Près de 24 heures après son investiture, le nouveau président du Kenya annonce le retrait de la reconnaissance de la «RASD». Son pays s'engage également à prendre «des mesures pour réduire la présence de l'entité dans le pays». Considéré jusque-là comme l'un des principaux soutiens du Polisario en Afrique, le Kenya vient de rectifier le tir. Son nouveau président William Ruto, investi mardi, vient d'annoncer le retrait de la reconnaissance de la «RASD». «Au Palais d''Etat à Nairobi, recevant un message de félicitations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Kenya annule sa reconnaissance de la RASD et prend des mesures pour réduire la présence de l'entité dans le pays», a-t-il indiqué sur son compte Twitter, légendant une photo de l'audience accordée au chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, porteur du message royal. At State House in Nairobi, received congratulatory message from His Majesty King Mohammed VI. Kenya rescinds its recognition of the SADR and initiates steps to wind down the entity's presence in the country. pic.twitter.com/FNe4Ff9XcS — William Samoei Ruto, PhD (@WilliamsRuto) September 14, 2022 «Par respect du principe d'intégrité territoriale et de non-ingérence, le Kenya apporte son soutien total au plan d'autonomie sérieux et crédible proposé par le Royaume du Maroc, en tant que solution unique basée sur l'intégrité territoriale du Maroc. Le Kenya soutient le cadre des Nations Unies en tant que mécanisme exclusif pour parvenir à une solution politique durable et permanente au différend sur la question du Sahara», indique un communiqué conjoint repris par le site du Palais d'Etat de la République du Kenya. Vice-président du Kenya pendant dix ans, William Ruto a remporté en août dernier l'élection présidentielle au Kenya. Contrairement aux élections précédentes, les deux candidats aux récents rendez-vous électoraux, Ruto et son rival Raila Odinga, étaient connus pour leurs positions Pro-Maroc sur le dossier du Sahara. Une percée diplomatique en Afrique En mars 2021 déjà, l'actuel président avait affiché son soutien au Plan d'Autonomie sous souveraineté marocaine, le qualifiant de «meilleure solution à la question du Sahara», lors d'une rencontre avec l'ambassadeur du Maroc à Nairobi, El Mokhtar Ghambou. Toutefois, sous la pression de la diplomatie et de la présidence kenyanes, Ruto avait effectué un rétropédalage, affirmant dans une lettre adressée aux Affaires étrangères de son pays que les affirmations sont «fausses» et exhortant «le ministère à traiter la question conformément au protocole du gouvernement». Dans son message adressé au nouveau président, le roi Mohammed VI a souhaité, jeudi, que cette élection puisse «ouvrir une nouvelle page dans les relations» entre les deux pays «basée sur la coopération fructueuse, la solidarité et le respect mutuel, de manière à servir les intérêts suprêmes des deux peuples et contribuer à la prospérité et au développement du continent africain». Le changement de position du Kenya sur le dossier du Sahara intervient au grand dam du Polisario. Le mouvement séparatiste a dépêché, hier, son secrétaire général pour prendre part à la cérémonie d'investiture de William Ruto. L'agence du Polisario et ses relais médiatiques ont largement repris les photos de l'arrivée de Brahim Ghali à l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi et sa participation à la cérémonie. Le leader du Front n'a toutefois pas réussi à décrocher une audience auprès du président kenyan. Si ce changement de la position du Kenya sur le dossier du Sahara mérite d'être qualifié de percée diplomatique en Afrique pour le Maroc, le mouvement séparatiste savoure toujours le rétablissement de la reconnaissance de sa «RASD» par le Pérou et la Colombie, survenus ces dernières semaines. Le Kenya reconnaît la «RASD» depuis 2005. En 2014, les autorités de Nairobi avaient même inauguré une «représentation diplomatique du Polisario».